Cheb Khaled est le prototype du raï new-look. « Didi », son titre qu’il a composé en 1992, demeure l’œuvre la plus populaire de l’histoire de la musique algérienne du siècle passé.
Avec plus d’un million et demi d’exemplaires de disques vendus, le morceau qui a fait le tour du globe a fini par hisser son géniteur sur le piédestal du raï, un genre musical qui jusque-là était encore brut. Le raffinement de cette musique s’est opéré grâce au producteur et éditeur Eddie Barclay, de son vrai nom Edouard Ruauld, propriétaire du label « Barclay » qui avait pris le soin en tant que producteur de faire participer dans ce long play quelques artistes américains de poigne.
Cet album de onze chansons est référencié 511815-1, en microsillon 33 tours, 511815-2, en CD et 511815-4, en cassette. Ces onze titres s’enfilent les uns des autres comme des perles formant un collier de valeur. « Didi », le titre phare, y occupe la première place de la face A. « Je brûle dans le feu de ton amour, mais je sais que mon amour n’est pas réciproque. Le désir de mon cœur est de toujours te garder près de moi. Car sans toi, je me sentirai comme un poisson hors de l’eau. Mais je n’ai pas de chance, le destin ne me sourit pas et je suis malheureux », peut-on comprendre des paroles de cette mélopée.
Cette chanson démarre avec des sons provenant des instruments typiques de raï comme le bendir exécuté par Moshen Chentouf et Khaled, la darbouka par Moshen Chentouf, l’oud par David Colman et Khaled, l’accordéon par khaled. Puis vient le solo vocal de Cheb Khaled qui se fait accompagner d’un beat programmé par Mustapha Kada et Don Was. Le chant de Khaled est intercalé par les riffs des saxophones et de la trompette respectivement assurés par David McMuray, Bill Bergman, Greg Smith et John Berry. La guitare basse est jouée par Randy Jacobs.
Le tube « Didi » a été au centre d’un conflit entre Khaled et Cheb Rabah qui l’accusait d’avoir plagié sa chanson « Angui ou Selmi ». Condamné en avril 2015, Khaled sera blanchi par la Cour d’appel de Paris le 13 mai 2016. Quoi que l’on puisse dire, Khaled est celui qui a mis le raï sur les rails du succès en le sortant de son cocon traditionnel. Né le 29 février 1960 à Oran, en Algérie, Khaled Hadj Ibrahim a fait ses débuts en musique d’abord comme chanteur dans les années 1970. Ensuite, il apprendra à jouer plusieurs instruments, notamment le bendir, l’accordéon, l’oud et finira par le synthétiseur. En 1985, par ses exploits accomplis au festival d’Oran, il est surnommé « Cheb » qui veut dire maître. Depuis lors, il a gravi les cimes du succès au point de devenir le roi du raï. Il a à son actif plus de dix-sept albums et vingt-quatre singles.