La journaliste philippine Maria Ressa, cofondatrice du site très critique d'informations Rappler, et le journaliste russe Dmitri Mouratov, rédacteur en chef de Novaïa Gazeta connu pour ses enquêtes sur la corruption et les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie, ont reçu le prix Nobel de la paix, le 10 décembre, à Oslo.
En recevant son prix, Maria Ressa s'en est prise aux "entreprises américaines de l'internet" comme Facebook, Twitter et YouTube, sans les nommer explicitement, coupables selon elle de laisser par cupidité se déverser "une boue toxique" sur les réseaux sociaux.
"Ces entreprises américaines (...) sont fâchées avec les faits, fâchées avec les journalistes. Par nature, elles nous divisent et nous radicalisent", a-t-elle alerté.
Son co-lauréat a fait observer un moment de silence pour les reporters tués dans l'exercice de leur profession. Connu pour ses enquêtes sur la corruption et les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie, Novaïa Gazeta a vu six de ses collaborateurs tués depuis les années 1990, dont la célèbre journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006.
Au 1er décembre, au moins 1 636 journalistes avaient été tués sur la planète depuis vingt ans, selon un bilan de Reporters sans frontières, dont quarante-six depuis le début de l'année.
Par ailleurs, avec 293 reporters derrière les barreaux, jamais le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde n'a été aussi élevé, d'après le Comité de protection des journalistes.