La Banque mondiale (BM) parle de « fragilité » de la reprise au regard des niveaux élevés d’infections et des blocages en matière de vaccination. Une partie du continent africain assiste impuissante à la menace des nouveaux variants, foyers épidémiques et rebonds des contagions.
La reprise économique actuelle est « hétérogène et inégalitaire », selon la BM. En effet, beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaire sont affectés par la remontée des chiffres de la covid-19. « Ce qui a pour effet de limiter l’activité des entreprises à des niveaux inférieurs à ceux enregistrés avant la pandémie ». Les principales victimes de la covid-19 sont les entreprises et autres petites et moyennes entreprises. Comme l’explique la BM, elles ont subi de plein fouet le choc économique. Au regard de la situation déplorable, les pays doivent faire preuve de créativité dans l’élaboration des politiques publiques pour stimuler une reprise du secteur privé tirée par la productivité. Pour accompagner les dirigeants africains, la BM a pris le pouls des entreprises de soixante-seize pays à travers le monde. « Nous disposons de données sur plus de cent mille entreprises du monde entier, nous pouvons mieux comprendre la façon dont elles ont fait face à la crise et ce qui doit être mis en place pour leur ouvrir la voie à un avenir durable », indique l'institution financière internationale.
Mais que disent les multiples enquêtes destinées à rendre compte de l’impact de la covid-19 sur les performances des entreprises ? D’abord, plusieurs entreprises ont confirmé un redémarrage de l’activité. Dans l’ensemble, leur chiffre d’affaires est encore inférieur de 28 % aux niveaux antérieurs à la pandémie. Les exportateurs sont ceux qui ont connu un rétablissement rapide que les autres, même si cela ne se répercute pas encore dans leurs ventes. Il faut signaler à ce stade l’arrivée en force des technologies numériques pour s’adapter à la crise. Dans une période allant de sept à douze mois, la proportion d’entreprises ayant intensifié leurs recours à des technologies numériques est passée de 31 % dans les premiers mois de la pandémie à 44 %. Les enquêtes révèlent aussi la reprise lente des embauches. « Il s’agit d’une amélioration, mais le nombre d’emplois recréés est encore bien inférieur aux destructions enregistrées au début de la pandémie », souligne-t-on.
Les trois facteurs combinés, à savoir le redémarrage de l’activité, le passage au numérique et une certaine remontée des chiffres de l’emploi ne sont pas en mesure d’atténuer totalement le malaise qui monte de plus en plus avec la recrudescence de la pandémie. Une bonne majorité des entreprises fait état aujourd’hui d’un sentiment d’incertitude. Et les répercussions sont immédiates sur la propension des entreprises à investir. Face à ce constat, il revient aux États de décrisper la situation. « Sans intervention des pouvoirs publics, tous les emplois détruits pendant la crise ne seront peut-être pas rétablis, même si les chiffres d’affaires ont tendance à revenir à leur niveau d’avant la crise », relève la BM. Les décideurs politiques doivent injecter des capitaux et restaurer la confiance, insiste-t-elle.
Parmi les réponses de la BM, il y a la nécessité de mettre en œuvre des programmes d’aides publiques pour rassurer les entreprises. A cela, la BM juge indispensable de préserver la capacité du secteur financier qui doit continuer à octroyer des prêts. L’autre réponse est la possibilité d’accélérer la transition numérique grâce à des programmes qui facilitent et encouragent l’adoption de ces technologies.