Cameroun : plusieurs morts suite aux affrontements intercommunautaires

Lundi, Décembre 13, 2021 - 12:25

Des affrontements liés aux ressources en eau, à Kousséri dans le département du Logone-été-Chari, entre pécheurs et bergers, ont eu lieu. De milliers de personnes ont fui l'Extrême-Nord du Cameroun, en proie à des violences intercommunautaires, qui ont fait une vingtaine de morts et obligé plus de 30 000 personnes à se réfugier au Tchad voisin.

Au moins vingt-deux personnes auraient été tuées, trente autres blessées dans des affrontements intercommunautaires meurtriers, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, a  indiqué le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).  Ces violences sont dues à « des ressources rares au Cameroun », forçant «  30 000 personnes à fuir au Tchad ». Le HCR, par la voix de son porte-parole, Boris Cheshirkov, « est profondément préoccupé par les nouveaux affrontements intercommunautaires, qui ont éclaté cette semaine dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, déplaçant des milliers de personnes à l’intérieur du pays et forçant plus de 30 000 personnes à fuir vers le Tchad voisin ».

Près de 80% des réfugiés camerounais au Tchad seraient des femmes - dont beaucoup sont enceintes - et des enfants, selon le HCR. Ils ont trouvé refuge à N’Djamena et dans les villages situés le long du fleuve Logone. Des affrontements ont éclaté dans le village frontalier d’Ouloumsa, à la suite d’un différend entre éleveurs de bétail arabes, pêcheurs mousgoum  et agriculteurs au sujet de la raréfaction des ressources en eau et en pâturage. La violence s’est ensuite étendue aux villages voisins, réduisant en cendres une dizaine de villages. « Nous sommes ici à la suite des troubles, les arabes éleveurs ont attaqué les pêcheurs mousgoum et ils ont tué beaucoup de gens, c'est pour ça qu'on a fui […] Nos maris sont toujours en guerre là-bas », a expliqué une réfugiée.

Le HCR suspend ses opérations dans les zones touchées

La semaine dernière, des combats ont également éclaté dans la ville camerounaise de Kousséri, une localité commerciale, entraînant la destruction du marché aux bestiaux au cours des combats, selon HCR. Au moins 10 000 personnes ont fui Kousséri pour se réfugier à N'Djamena. Une première flambée de violences intercommunautaires a eu lieu en août, 45 personnes avaient été tuées et 23 000 déplacées de force, dont 8 500 sont restées au Tchad depuis lors. Le Tchad abrite près d’un million de réfugiés et de personnes déplacées internes et le Cameroun plus de 1,5 million de réfugiés et de déplacés internes.  Face à ce regain de tensions, des forces de sécurité camerounaises ont été dépêchées dans l’Extrême-Nord du Cameroun, mais la situation reste « volatile ». Le HCR a été contraint de suspendre ses opérations dans les zones affectées.

Des appels à l’aide et à la réconciliation en cours

La crise climatique exacerbe les tensions dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Au cours des dernières décennies, la surface du lac Tchad a diminué de 95%. Les Nations unies et les autorités ont mené des efforts de réconciliation à Kousséri, au cours desquels des représentants des communautés se sont engagés à mettre fin à la violence. « Mais sans action urgente pour traiter les causes profondes de la crise, la situation pourrait s’aggraver davantage », a fait valoir Boris Cheshirkov, réitérant l’appel du HCR pour « un arrêt immédiat de la violence et au soutien de la communauté internationale pour aider les victimes et les réfugiés ».

La population de l’Extrême-Nord a également appelé l’élite locale à l’aide, compte tenu des faibles ressources financières des Nations unies pour répondre à la situation dans les deux pays respectifs, le Cameroun et le Tchad. Face à l'ampleur de la situation, le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby, a demandé au gouvernement tchadien de prendre des mesures et invité les Tchadiens à faire preuve de solidarité envers les réfugiés camerounais. Il a, en outre, demandé à la communauté internationale d'agir pour fournir en urgence l'assistance nécessaire à ces nouveaux réfugiés.

Noël Ndong
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