Discours sur l’état de la Nation : Félix Tshisekedi réaffirme sa détermination à pacifier l’est du pays

Lundi, Décembre 13, 2021 - 17:00

Devoir de redevabilité oblige, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi-Tshilombo, a été le13 décembre dans l'hémicycle du Palais du peuple, où il a prononcé, devant les députés et sénateurs réunis en congrès,  son discours sur l’état de la nation, conformément à la Constitution en son article 77.

En présence des membres du gouvernement, des représentants du corps diplomatique, des officiers supérieurs de l’armée et de la police, des forces vives de la nation et d’autres invités, le chef de l'Etat a abordé plusieurs questions d’intérêt national dont il a eu la justesse d’apporter des réponses idoines, dans un discours fleuve de plus d’une heure. C’est par le climat d’insécurité permanent à l’est du pays, sur fond d’activisme des groupes armés menaçant l’intégrité territoriale, que l’autorité suprême a entamé son adresse, tout en expliquant le bien-fondé de l’état de siège qu’il a eu à décréter au nord-Kivu et en Ituri, conformément à l’article 85 de la Constitution. Eu égard à l’exacerbation de l’insécurité dans cette partie du pays, il a plaidé pour la mobilisation de tous les moyens disponibles pour définitivement vaincre ce mal tendant à anéantir tout effort de développement.

Saisissant l’occasion, Félix Tshisekedi a réaffirmé sa détermination à ne ménager aucun effort pour restaurer la paix et la sécurité à n’importe quel coin du pays. Dans la foulée, il a interpellé la conscience collective tout en invitant ses compatriotes à cultiver le sens patriotique. Saluant le travail des parlementaires dans le renouvellement continu de l’état de siège qui permet de consolider les acquis des opérations sur le terrain, le garant de la nation a félicité les Forces armées de la République démocratique du Congo dont la puissance de feu a fait bouger les lignes au front avec, à la clé, la récupération des positions ennemies et la reddition de certains seigneurs de guerre.

Cependant, il a fustigé la campagne de dénigrement que mène une infime partie des Congolais et le rôle pernicieux qu’ils jouent dans la démobilisation des troupes comme s’ils tiraient profit de la persistance de l’insécurité. Il les a invités à rejoindre le camp de la Patrie. « Ce n’est que dans la paix et la concorde que nous pourrons vaincre l’ennemi », a martelé le président de la République, plus que jamais déterminé à faire taire les armes dans cette partie du pays. Il s’est, par ailleurs, réjoui de la baisse de l’insécurité dans les grandes agglomérations du pays à la suite du travail de rééducation opéré sur les fameux « Kulunas », notamment dans le Centre pilote de « Kaniama Kasese », tout en appelant à l‘intensification de cet effort de réinsertion sociale des jeunes désœuvrés sur l’ensemble du territoire national.  

Poursuivre les réformes judiciaires

Evoquant l’Etat de droit et particulièrement la gouvernance politique et économique, le chef de l'Etat a mis une emphase particulière sur le travail de l’Inspection générale des finances et a loué son effort d’assainissement des finances publiques, bien qu’elle ne peut se substituer à la justice ayant seule la mission de dire le droit. Au sujet de la justice, en effet, il a insisté pour que le droit, le bon droit, soit dit afin de rassurer tout le monde. Félix-Antoine Tshisekedi a saisi l’occasion pour réitérer son engagement à poursuivre les réformes dans les structures de la justice, en misant notamment sur la qualité de ses animateurs suivant le sacro saint principe de «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ».

Il a exhorté le Conseil supérieur de la magistrature à faire fonctionner les chambres disciplinaires afin que la sanction soit la seule récompense à octroyer aux mauvais magistrats. Pour un traitement judicieux des contentieux électoraux, le chef de l’Etat a suggéré la création d’un corps des conseillers référendaires.

L’autre sujet abordé a concerné l’Union sacrée de la nation qui constitue, à ses yeux, un appel à l’exaltation des cœurs et à la consolidation des valeurs autour des actions nobles pour répondre aux attentes du peuple congolais. Félix Tshisekedi a appelé les uns et les autres à privilégier la cohésion autour de cette méga plateforme au-delà des querelles intestines qu’il considère comme l’expression même de la démocratie. Il a invité chacun des membres, de l’opposition et de la majorité, à jouer sa partition dans l’amour du peuple et dans le respect strict de la Constitution. Concernant la brouille qui s’est installée dans les assemblées provinciales sur fond de destitution systématique des gouverneurs, le chef de l’Etat a appelé à l’amendement de certains textes légaux se rapportant au fonctionnement des institutions provinciales en vue d’assurer leur stabilité.

Au chapitre des élections, il a réitéré son engagement à la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes à l’horizon 2023. Il a, de ce fait, lancé un vibrant appel à l’accompagnement de la Commission électorale nationale indépendante et à l’implication de tous au processus électoral déjà en branle. Et d’inviter les acteurs politiques qui trainent encore le pas à désigner rapidement leurs représentants au sein du nouveau bureau de cette institution d’appui à la démocratie afin de faire avancer le processus électoral. Pour sa part,  le gouvernement a été appelé à mobiliser les moyens financiers conséquents afin de permettre la tenue des élections dans les délais requis.

Sur le registre sanitaire, le président de la République a convié ses concitoyens à continuer à respecter les mesures barrières édictées afin de contenir les effets néfastes de la covid-19 avant de les appeler à se faire vacciner massivement.

Un leadership africain responsable

De sa mandature à la tête de l’Union africaine, le président Félix Tshisekedi a déclaré avoir réellement mis l’institution panafricaine au service du peuple africain, à travers des actions concrètes. Il s’est fait le défenseur du continent lors de plusieurs sommets internationaux auxquels il a pris part dont le G20 et la COP 26, en privilégiant les intérêts des peuples et des nations. Grâce à son action, la RDC a retrouvé sa place dans les instances internationales et brisé son isolement diplomatique.

Très attendu sur le volet social, le chef de l’Etat s’est dit conscient de la situation sociale de ses compatriotes et a instruit le gouvernement à accélérer la mise en œuvre des projets à impact visible, tout en fustigeant le manque de coordination et la faiblesse du pilotage qui les gangrènent. Dans la foulée, il a égrené quelques actions sociales d’envergure attendues d’ici 2022 dont le démarrage du projet de construction du port en eau profonde de Banana. 

« J’en appelle à notre conscience collective, ce qui nous unit, la RDC, est plus important que l’égoïsme de chacun et le dangereux clivage tribaliste qui peuvent nous diviser », a-t-il lâché, devant une assistance bruyante qui n’a cessé d’accompagner chacune de ses phrases par des flots d’applaudissements. 

 

 

Alain Diasso
Notification: 
Non