Les immortelles chansons d’Afrique : « Soni ka » de Michel Rafa

Jeudi, Décembre 16, 2021 - 18:46

Michel Rafa a fait de la sauvegarde de la culture africaine son crédo. Auteur-compositeur, il enregistre à Paris, en 1983, un disque référencé BTL 003 dont il a assuré la production et dans lequel figure le titre « Soni Ka ».

Par « Soni ka », il faut comprendre « Fausse honte ». Chantée en Makoua, une langue parlée dans le département de la Cuvette, au nord de la République du Congo, cette chanson s’adresse aux intellectuels qui, du fait du déracinement ou des études suivies, éprouvent une certaine honte vis-à-vis de leurs coutumes et traditions représentées par la hotte appelée « Ngala ». Il est important de rappeler que le « Ngala » est une sorte de panier que les femmes makoua et aussi celles des départements du Congo portent au dos. Ce panier est suspendu au front par une courroie qui permet de porter aussi bien les instruments de travail que le fruit de la récolte.

Au début de la chanson, on entend des voix féminines qui s’alternent à celles des hommes : « Oh soni ka, soni ka, sonika ». Des sonorités de la flûte et du balafon accompagnent ces voix avant que les tambours ne prennent le relais. Puis les hommes lancent : « Eh Ngala, eh Ngala, eh Ngala » avant que n’intervienne le solo vocal exécuté par une mère accompagnée de sa fille, les deux s’adressant à celles ou ceux qui sont victimes de l’acculturation.

Dans ce disque 33 tours qui remporta le premier prix de la meilleure pochette en Belgique,  Ali Wague est à la flûte, Alfa konate au balafon, Ndoudi Nganga Angèle, Komika Madeleine, Mere Momo Master, Rafa Yoyo aux clapotis. Mouhani Adelphine, Mpoungui Eugeunie et Michel Rafa effectuent les solos vocaux. Le chœur est composé d’André Marie Antoinette, Bikouta Senokouabo, Bolangassa Jean-Marie, Boumpoutou Francine, Kilambi Ane-Marie, Kimbolo Géerard, Kounkou Théo Blaise, Kythouka Rifi, Mata Pierre, Mere Momo Master, Milobo Laurentine, Koumbou Jean-Marie. Les tambours par Batantoua nkaba, Nkodia John, Miambongui Jean Claude, Zenga Jean Jacques.

Né en 1948 à Linzolo, première mission catholique coloniale du Congo, Michel Rapha a été marqué très tôt par la tradition. Après ses études secondaires, il est associé aussitôt à l’effort du gouvernement de son pays, la République du Congo, pour promouvoir et développer les activités culturelles. Il crée le ballet-théâtre Lemba, le 18 juin 1974. Il subira une formation technique de régie-gestion et administration culturelle au Havre et passera ensuite au Conservatoire national des arts et métiers à Paris où il sortira, six ans après, avec une solide formation d’électro-acousticien en 1977. Il est détenteur plusieurs fois des premiers prix, notamment au Festival traditionnel de Narro en Italie, en 1979; au Festival international des arts et tradition populaire de Nantes, en 1986; au Festival international de la Louisiane à la Fayette aux Etats-Unis d'Amérique en 1989, etc.

 

 

Frédéric Mafina
Légendes et crédits photo : 
La pochette de l'album
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