Mali : Emmanuel Macron annule sa visite

Lundi, Décembre 20, 2021 - 11:30

Entre la France et le Mali, l’apaisement tarde à venir. Officiellement, en raison de l’épidémie de covid-19, le président français a été obligé d’annuler sa visite au Mali, mais dans un contexte de fortes tensions.

Prévue le 20 décembre, la visite du président français a été annulée, officiellement en raison de la crise de la covid-19, alors qu’un climat de fortes tensions persiste toujours entre Paris et Bamako. Emmanuel Macron devait se rendre à Bamako pour rencontrer le président de la transition, le colonel Assimi  Goïta, et célébrer Noël avec les troupes françaises. La décision d’annuler cette visite « a été prise dans un souci de cohérence entre les mesures annoncées au niveau national et l'agenda international du président, et dans un souci de ne pas exposer notre dispositif militaire dans un moment de dégradation de la situation sanitaire en métropole », a expliqué l'Élysée.

Plusieurs manifestations étaient annoncées sur les réseaux sociaux contre la venue du chef de l’Etat français. Emmanuel Macron a voulu associer les présidents en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (Cédéao), le président ghanéen Nana Akufo-Addo et celui du G5 Sahel, le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno. Un format qui a été rejeté par les autorités maliennes, prises de court par l’Elysée.

Réorganisation du dispositif militaire français au Sahel    

Après neuf ans de présence au Sahel, la France réorganise son dispositif militaire, et quitte les bases de Tessalit, Kidal et Tombouctou pour se recentrer autour de Gao et Ménaka. Un plan qui prévoit une réduction des effectifs, de 5000 actuellement à 2500/3000 d'ici à 2023. Au-delà de la coordination opérationnelle affichée, l'impasse demeure sur la contractualisation par Bamako des services des paramilitaires russes de Wagner et la durée de la transition censée ramener les civils au pouvoir. Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a souligné que Bamako n’a signé aucun contrat avec le groupe Wagner. Il a reconnu « des relations difficiles [...], des moments d'incompréhension » avec la France et a souhaité la poursuite du dialogue « dans le même esprit constructif et un esprit de sincérité ». Quant à la transition politique, la Cédéao maintient la tenue des élections le 27 février 2022, menaçant le Mali de sanctions supplémentaires, « économiques et financières », à partir du 1er janvier 2022, le gel des avoirs et l'interdiction de voyage de près de 150 personnalités.

Bamako face à l’aide militaire extérieure et le changement de paradigme

Abdoulaye Diop a déclaré que les aides militaires, notamment celles de la France, « ont vocation à se terminer », et a reconnu les "sacrifices consentis par  des soldats français ou autres tombés au Mali". Pour l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, cette attitude va dans la bonne direction, et que le soutien ne devant pas s’éterniser :Il revient donc «aux armées locales, à l'armée malienne de prendre ses responsabilités et d'être efficace et opérationnelle ». Si le colonel Pascal Ianni, porte-parole du chef d’état-major des armées françaises, reconnaît la nécessité de redéfinir la coopération militaire avec le Mali, il estime toutefois qu’un soutien international à la lutte contre le djihadisme reste indispensable. Il s’agit là d’un changement de paradigme "dans l'opération Barkhane, qui passe d'une logique de combat direct, à une logique d'accompagnement des forces sahéliennes dans un cadre plus international".

Mahamat Idriss Déby Itno : le Sahel « est avant tout aux Sahéliens »

Dans le cadre de la mission de la  Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, le Tchad a annoncé son accord de déploiement de 1000 de ses soldats supplémentaires. Ce déploiement entre dans un cadre bilatéral et à la demande du Tchad. L'accord intervient dans un contexte de reconfiguration de la Force Barkhane, en vue de faire face aux menaces et protéger ses troupes déployées dans la zone. Le président du Conseil militaire de transition du Tchad, par ailleurs président en exercice du G5 Sahel, le général Mahamat Idriss Deby Itno, a déclaré : « Le Sahel ne doit nullement être le champ de positionnement pour les puissances aux visées tentaculaires » au nom de la lutte contre le terrorisme. Il « est d’abord et avant tout, aux Sahéliens. Par conséquent, les amis du Sahel sont appelés à soutenir les États du Sahel et les forces de la coalition G5 Sahel et les aspirations légitimes des peuples du Sahel ». Le G5 Sahel a élaboré, en 2014, un Programme d’investissements prioritaires composé de quarante projets régionaux- infrastructurels et de développement-, pour un coût de 2,4 milliards d’euros.

Noël Ndong
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