Royaume-Uni : des ONG opposées à la refonte du groupe CDC

Mercredi, Décembre 22, 2021 - 10:45

 Les organisations de la société civile du Royaume-Uni préviennent  qu'une refonte de l'institution de financement du développement du pays, CDC Group, «diluera davantage » le mandat de réduction de la pauvreté de l'aide britannique. 

Douze Organisations non gouvernementales (ONG) britanniques les plus représentatives ont signé une lettre ouverte dans laquelle elles accusent le changement de nom et le pouvoir élargi du groupe CDC de « supprimer complètement » le mandat de réduction de la pauvreté de l'organisation. La plainte intervient alors que le groupe s'apprête à adopter une série de changements, notamment la suppression du terme « développement » de ses initiales et en changeant son nom en British international investment en avril 2022. L'organisation entrera également sur de nouveaux marchés en Asie du Sud-Est et dans les Caraïbes. Elle a récemment annoncé une nouvelle stratégie quinquennale, qui comprend des objectifs d'investissement productif, durable et inclusif. Les ONG britanniques expriment des craintes que le développement et la politique humanitaire « tombent plus loin dans l’agenda du gouvernement », après qu’il a été annoncé que la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, prendrait en charge les négociations « notoirement difficiles du Brexit », en plus de ses responsabilités actuelles en tant que patronne du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth ainsi que du  Bureau de développement. 

La directrice générale de Bond, le réseau des ONG britanniques, Stéphanie Draper, explique : « La secrétaire d'État détient déjà un énorme portefeuille puisqu'elle dirige à la fois la politique étrangère du Royaume-Uni, l'aide humanitaire et l'aide au développement ».  Elle a ajouté l’existence d’ « un risque avec cette nomination que la mission humanitaire et de développement critique du Royaume-Uni tombe plus bas dans la liste à un moment où le monde est confronté à certains des plus grands défis mondiaux, notamment la covid-19 et le changement climatique ». Elle a appelé à la nomination d’un ministre du Développement international, afin que la décision « ne se fasse au détriment des communautés les plus marginalisées du monde ».

Est-ce la fin de l’aide britannique ?

Liz Truss a suggéré que British international investment soit utilisé pour contrer l'influence du vaste projet d'infrastructure chinois, « la Ceinture et la route ». Les dépenses d’aide britannique sont confrontées à des coupes brutales et à des programmes forcés de fermer. Ce qui a provoqué une réaction mitigée du secteur du développement, en particulier dans les ONG, qui ont déploré le mouvement et d'autres, notamment les groupes de réflexion, qui l'ont accueilli avec prudence. « Lorsque des démocraties éprises de liberté investissent dans les infrastructures et fournissent une expertise technique, cela rend les pays plus libres, plus riches et plus sûrs », a déclaré Liz Truss. Ajoutant :  « Trop de pays chargent leurs bilans d'une dette insoutenable. Des sources de financement fiables et honnêtes sont nécessaires. La Grande-Bretagne et nos alliés fourniront cela, avec British international investment un véhicule de livraison clé. C'est un gagnant-gagnant pour tous ». Cette refonte créerait également plus d’emplois au Royaume-Uni et aiderait à développer les économies d'Asie, d'Afrique et des Caraïbes, « tout en les rapprochant des démocraties de libre marché et en créant un réseau de liberté à travers le monde », selon elle.

Des critiques à la nouvelle orientation stratégique

Dario Kenner, analyste principal pour le développement économique durable à l'Agence catholique pour le développement à l'étranger, a exprimé des inquiétudes quant au fait que la nouvelle stratégie permette à CDC Group d'investir dans les combustibles fossiles, et que ses investissements soient alignés sur l'Accord de Paris. Pour Sarah Champion, présidente du comité de développement du Royaume-Unis, « la priorité numéro 1 d'une institution de financement du développement doit être de lutter contre la pauvreté dans les pays à faible revenu - c'est à cela que servent les institutions de financement du développement. Je veux voir un engagement clair de BII pour lutter contre la pauvreté. Les plus pauvres et les plus vulnérables ne doivent pas être laissés pour compte ».

 

Noël Ndong
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