Libye : l’ONU à la recherche d’un nouvel émissaire

Vendredi, Décembre 31, 2021 - 12:54

Trois personnes sont en lice, mais controversées, pour remplacer le Slovaque Ian Kubic au poste d’émissaire  du secrétaire général des Nations unies pour la Libye. Il s’agit du Britannique Nikholas Kay, du Zimbabwéen Raisedon Zenenga et de l’Américain Stéphanie Williams.  Le report de la présidentielle ouvre la voie à une nouvelle phase transitoire.

La démission du Slovaque Ian Kubic du poste d'émissaire onusien pour la Libye est entrée en vigueur, laissant le poste vacant sur fond d’un différend au sujet de son successeur. Plusieurs noms circulent pour le remplacer, dont le Britannique Nikholas Kay, coordonnateur de la Mission onusienne en Libye; le Zimbabwéen Raisedon Zenenga, sous-secrétaire général et coordonnateur de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul); et l’Américaine Stéphanie Williams, ancienne émissaire onusienne pour la Libye par intérim. Le différend qui oppose les parties autour de la nomination d’un envoyé du secrétaire général de l’ONU pour la Libye rappelle les péripéties de mars 2020, lors de la démission du Libanais Ghassan Salamé de ce poste et lorsque le nom de son successeur n’a pu être tranché que dix mois plus tard. La situation est rééditée après la démission d’Ian Kubic. L’approche des élections présidentielle et législatives ne permet pas une longue vacance à la tête de la Manul, compte tenu des impacts négatifs sur le paysage libyen et la scission internationale au sujet du successeur d’Ian Kubic. Ce qui pourrait aggraver les divergences et la fragmentation des positions entre les différents acteurs et protagonistes politiques et militaires dans le pays.

Trois blocs se disputent la nomination d’un nouvel émissaire

Le premier bloc est conduit par les Etats-Unis et compte en son sein leurs deux alliés, la France et le Royaume-Uni, deux membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que plusieurs pays européens. Ce bloc a rejeté la nomination d’une personnalité africaine à ce poste et préfère que le nouvel émissaire soit Européen ou Américain. Le deuxième bloc est piloté par la Russie avec l’appui de la Chine. Il s’est opposé aux candidats européens présentés par Washington, ainsi qu’au prolongement du mandat de l’Américaine Williams, même à titre intérimaire, à la tête de la Manul. Moscou souhaite voir ce poste échoir à une personnalité arabe africaine. Les positions de Moscou se rapprochent de celles du bloc africain qui ne dispose d’aucun siège au Conseil de sécurité, mais compte par contre deux à trois sièges non-permanents (Le Niger, le Kenya et la Tunisie qui représentent le bloc arabe). Enfin le bloc africain, qui réclame que l’émissaire soit issu du continent noir, d’autant plus qu’il s’agit d’un pays africain. Ce bloc déplore qu’aucun des émissaires nommés jusqu’ici ne soit Africain. Ce qu’il considère comme étant une marginalisation dans un dossier africain.

Les trois candidats à la succession d’Ian Kubic

1-Le Britannique Nikholas Kay rejeté par la Russie. Ancien représentant spécial des Nations unies en Somalie,  son nom est évoqué depuis de la démission de Ian Kubic. Mais sa nomination est rejetée par la Russie, selon la revue américaine Foreign Policy. Un rejet qui est intervenu dans le sillage de tensions en continu entre Moscou et Londres.

2- Le Zimbabwéen  Raisedon Zenenga, un candidat africain. Il occupe actuellement le poste de coordinateur de la Manul, et serait la personnalité la plus proche pour succéder à Ian Kubic. Il bénéficie d’un soutien africain sur fond d’absence d’accord entre les membres du Conseil de sécurité. Etant donné que le secrétaire général de l’ONU cherche une « alternative rapide », il pourrait recourir à lui, comme un choix provisoire pour surmonter la phase des élections, le temps de trouver un consensus concernant un autre candidat pour diriger la Manul. Néanmoins, les Etats-Unis pourraient s’opposer à cette option.

3- Ian Kubic pourrait s’autosuccéder. L’ornière multiforme, doublée au changement de la date de la tenue des élections, pourrait inciter le secrétaire général de l’ONU à demander le report de la démission du Slovaque jusqu’après la tenue des élections. Ian Kubic lui-même a fait part de sa disposition de poursuivre sa mission, durant une phase transitoire, à condition que « cette option soit applicable », a-t-il laissé entendre. A savoir, il accomplirait sa mission depuis Genève, en Suisse, au lieu de la capitale libyenne, Tripoli.

4- L’Américaine Stéphanie Williams achèvera-t-elle son mandat ? Eu égard au difficile consensus entre les membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU a nommé récemment l’Américaine au poste de conseillère spéciale en Libye. Il a recouru à ce choix pour « éviter un autre vote controversé et suscitant un débat au sein du Conseil de sécurité », selon l’article de  Foreign Policy. En tout cas sa nomination  comme émissaire onusienne pour la Libye aurait essuyé un refus catégorique de Moscou, sur fond du conflit entre les blocs russe et américain au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

La chambre des députés libyenne et l’Instance supérieure des élections ont échoué à organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue, soit le 24 décembre 2021. La proposition de l’instance supérieure des élections portant report d'un mois de la présidentielle, soit au 24 janvier 2022, suscite des interrogations quant à la suffisance de ce laps de temps pour surmonter les écueils qui ont empêché le déroulement des élections à la date prévue initialement.

Noël Ndong
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