Développement : les cinq événements qui pourraient impacter l’aide humanitaire en 2022

Lundi, Janvier 10, 2022 - 11:18

Des experts du développement mondial ont apporté leur éclairage sur « des événements hypothétiques mais vraisemblablement possibles qui pourraient avoir un impact sur le secteur international de l'aide humanitaire et du développement en 2022 », notamment  sur la Chine, l’Afrique, le climat, les élections présidentielles dans certains pays et la santé mondiale.

1. Sur la Chine

Un expert en développement a proposé un scénario possible : « Lassée des critiques continuelles de son bilan en matière de droits de l'homme et de son financement de programmes de développement douteux en Afrique et dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la route", la Chine annule son adhésion à la Banque mondiale  et au développement régional ». Un ancien  haut fonctionnaire des Nations unies a expliqué à son tour que c'était peu probable, Pékin ayant été « comme un petit Pac Man, engloutissant des morceaux de l'architecture internationale. Ils vont déterminer à quoi ils veulent l'utiliser, ou ils vont bloquer les choses pendant qu'ils utilisent leurs propres entités ».

2. Sur l'Afrique

Des documents préliminaires révèlent  que pour le plan de l’Union européenne (UE) pour le sommet avec l’Union africaine,  que se tiendra du 17 au 18 février à Bruxelles, six « produits livrables clés » étaient envisagés, et que les responsables travaillent à rassembler les engagements de financement finaux. L'UE prépare un « paquet d’investissement », car elle ne peut offrir de l’argent au-delà du budget de sept ans, couvrant la période allant jusqu'en 2027. Bruxelles espère que son Global Gateway, récemment annoncé, axé sur les infrastructures durables, s'avérera un outil précieux pour progresser dans cette direction.

3. Sur le climat

Les pourparlers mondiaux sur le climat en 2022 se déplacent en Afrique. Pour le directeur du Center for sustainable finance, Ulrich Volz, le succès de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques en Égypte de cette année dépend des progrès réalisés en matière de pertes et de dommages. « Dans l'ensemble, les pays africains, ainsi que les pays en développement ailleurs, subissent déjà d'énormes pertes dues au changement climatique, même s'ils n'y ont presque rien contribué. Les pays riches, dont les émissions de carbone historiques sont à l'origine de ces dommages, doivent reconnaître leur responsabilité et accepter des transferts financiers plus importants vers les pays vulnérables. Dans ce contexte, attendez-vous à beaucoup d'attention sur la taxonomie de la finance durable de l'UE - actuellement sujette à un débat acharné  sur l'opportunité d'inclure le nucléaire et le gaz comme formes d'énergie propre ». Et d’ajouter : « Si l'UE va de l'avant avec l'inclusion du gaz et du nucléaire, la taxonomie deviendra une imposture. Cela enverrait un signal terrible au reste du monde. L'UE perdrait également toute autorité pour convaincre les autres de passer à zéro ».

4. Les élections présidentielles

La France, la Colombie et l'Australie se rendent toutes aux urnes cette année, ainsi que les États-Unis à mi-mandat. Le vote le plus important est peut-être au Brésil où le président Jair Bolsonaro est candidat à sa réélection. Pour Aline Burni, chercheuse brésilienne à l'Institut allemand de développement, bien que sa mauvaise gestion de la pandémie et son bilan économique le mettent à la traîne pour le moment, une victoire de Jair Bolsonaro ne peut être écartée. « Le Brésil a été comme un paria sur la scène internationale à cause du gouvernement actuel. L'UE et même les États-Unis se sont un peu trop éloignés et ont laissé trop de place à la Chine, qui a beaucoup investi au Brésil et en Amérique latine, notamment dans le domaine des énergies renouvelables ».

5. Sur la santé mondiale

David McNair, directeur exécutif de la campagne ONE a mis en garde contre l'impact économique des variantes de la covid-19. Son organisation sera préoccupée par la viabilité de la dette, notamment dans les pays identifiés comme à haut risque par la Banque mondiale (Tchad et Éthiopie). Il pense que les nouvelles variantes pourront aussi parfois être utilisées « comme excuses pour un manque de progrès sur des dossiers politiques plus délicats dans l’UE ». L’autre objectif sera la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme  aux États-Unis au cours du second semestre 2022. David McNair prédit un rôle plus important pour le fonds dans une sécurité sanitaire plus large, alimentée par les besoins de la pandémie de covid-19. Il appelle à garder un œil « sur tout ce qui est nouveau », après l’absence de la Russie à la conférence de presse qui a suivi la reconstitution du fonds en 2019 à Lyon avec le président français, Emmanuel Macron.

Noël Ndong
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