Afrique de l’ouest : le Mali écope de lourdes sanctions de la Cédéao

Lundi, Janvier 10, 2022 - 12:45

Les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) ont adopté, le 9 janvier, lors d’un sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, des sanctions « très dures » à l’encontre de la junte au pouvoir, en raison du non-respect du calendrier électoral.

Les pays d’Afrique de l’ouest ont décidé de geler les avoirs maliens dans les banques centrales et commerciales de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), dont la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) ; de fermer les frontières terrestres et aériennes entre le Mali et les autres États membres de la Cédéao; de suspendre des transactions commerciales avec Bamako, à l’exception des produits médicaux et de première nécessité.

Par ailleurs, la Cédéao a décidé du retrait des ambassadeurs de tous les pays membres du Mali, ainsi que d’autres sanctions concernant l’aide financière. Des représentants des institutions sous-régionales ont pris part à la rencontre. Il s’agit notamment de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest et de l’Union économique monétaire ouest africaine (Uémoa). 

Les chefs d’Etat ont indiqué avoir décidé d’activer « immédiatement » la Force en attente de la Cédéao et ont également appelé l’Union africaine, les Nations unies et les autres partenaires du Mali à soutenir le processus d’application des sanctions et à « continuer d’apporter leur soutien à une transition politique acceptable ».

« Autant nous sommes conscients de la complexité de la situation de ce pays, autant nous pensons que les réformes économiques et sociales visant la refondation du Mali ne pourraient être conduites que par des autorités démocratiquement élues », avait déclaré Roch Marc Christian Kaboré, le président de la conférence des chefs d’Etat de l’Uémoa à l’ouverture des travaux.

Ces sanctions, indique la Cédéao, seront appliquées immédiatement et resteront en vigueur. Elles ne seront progressivement levées qu’après la finalisation d’un « chronogramme acceptable et convenu » et « le suivi de progrès satisfaisants réalisés dans la mise en œuvre du chronogramme des élections », a précisé l’organisation.

Dans un communiqué publié après la réunion, les dirigeants de la Cédéao « regrettent le manque de volonté politique des autorités de transition, qui a conduit à l'absence de progrès tangibles dans la préparation aux élections ».

Des conséquences chaotiques pour le Mali

Ceux qui soutiennent les autorités maliennes estiment que ces décisions sont contre-productives. « Ces décisions ne prennent pas compte des besoins des Maliens. Les conséquences, c'est une situation chaotique pour le Mali. On devait maintenir les canaux du dialogue avec les autorités légitimes du Mali pour qu'ensemble, nous puissions définir un processus, un chronogramme, un agenda de sortie de cette situation », a réagi Nouhoum Togo, homme politique soutenant la junte militaire au pouvoir au Mali et fondateur de l'Union pour la sauvegarde de la République.

Au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020, conforté par celui de mai 2021, la junte militaire avait pris l’engagement de remettre les commandes du pays au peuple. Pour cela, elle devait tenir des élections présidentielle et législatives en février 2022. 

Cependant, le colonel Assimi Goïta, dirigeant de la junte, avait exprimé son incapacité à respecter le calendrier établi pour cause d’insécurité persistante dans le pays. Les assises nationales ont alors été chargées de constituer un nouveau calendrier. Le 30 décembre dernier, les participants aux assises ont proposé de prolonger la transition de la junte militaire « de six mois à cinq ans. » Le pouvoir malien a tranché en optant pour une prolongation de la transition pendant cinq ans.

Yvette Reine Nzaba
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