Mali : les Etats-Unis saluent les sanctions économiques de la Cédéao

Mercredi, Janvier 12, 2022 - 11:42

Washington a salué les sanctions économiques imposées au Mali par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine​ (Uémoa, lors des sommets extraordinaires tenus à Accra, au Ghana, a annoncé le département d'Etat américain dans un communiqué.

«Nous partageons la profonde déception de la Cédéao face au manque d'action ou de progrès du gouvernement de transition du Mali dans l'organisation des élections, comme il s'est engagé à le faire à la suite du coup d'État d'août 2020 », a-t-on affirmé. Et d'ajouter : « Nous soutenons la décision de la Cédéao d'imposer des sanctions économiques et financières supplémentaires pour exhorter le gouvernement de transition à tenir son engagement envers le peuple malien de ramener son pays à la démocratie ». 

La Cédéao a, en effet, annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre ses pays membres et le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales, à l'exception des produits de consommation essentiels ( pharmaceutiques, fournitures et équipements médicaux, ainsi que le matériel pour le contrôle de la covid-19 et des produits pétroliers et d'électricité), le gel des avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'ouest, ainsi que d'autres sanctions concernant l'aide financière.

En réponse à cet embargo de la Cédéao et l’Uémoa, le gouvernement du Mali a condamné ce qu’il a qualifié de sanctions « illégales et illégitimes » et a rappelé ses ambassadeurs accrédités dans les États membres de la Cédéao. Il a, en outre, procédé à la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes avec les États concernés. Le ministre de l'Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, a déclaré que « le Mali condamne fermement ces sanctions illégales et illégitimes », et a indiqué dans un communiqué que « ces mesures contrastent avec les efforts déployés par le gouvernement et sa volonté d'engager le dialogue pour parvenir à un compromis avec la Cédéao sur le calendrier des élections au Mali ».

Les conséquences des sanctions sur la junte au pouvoir

Le durcissement de ton de l’organisation régionale met les autorités maliennes de la transition dos au mur, selon Ibrahima Kane d’Open society initiative for West Africa (Osiwa) et spécialiste des questions politiques en Afrique de l'ouest. Selon le spécialiste, ce bras de fer des militaires avec la Cédéao risque de tourner en défaveur de la junte. Le Mali, étant un pays enclavé, une fermeture des frontières risque d'être durement ressentie par ce pays qui fait déjà face à une insécurité au nord et au centre. En retour, plusieurs pays de la région, notamment la Mauritanie et la Guinée, se sont montrés solidaires au Mali et prêts à ouvrir leur port.

 « Si les mesures économiques font leur effet, les militaires n'auront pas le choix. Il faudra payer les salaires, mener des transactions commerciales et si toutes ces transactions ne seront pas possibles, les militaires seront dans une situation difficile. Ils seront obligés de revenir à de meilleurs sentiments et d'accepter les propositions de la Cédéao », a expliqué Ibrahima Kane.  

La période transitoire fixée par la Cédéao, après le coup d'Etat du 20 août 2020 ayant mis fin au mandat de l'ancien président, Ibrahim Boubakar Keita, était de dix-huit mois à compter de septembre 2020. C'est ainsi que la date du 27 février 2022 avait été fixée pour la tenue d'élections législatives et présidentielle au Mali.

Les autorités maliennes ont notifié à la Cédéao leur incapacité d’organiser des élections  présidentielle et législatives en février 2022, comme elles s’y étaient préalablement engagées. Une transition pouvant aller jusqu’à cinq ans a été proposée. Le gouvernement malien a invoqué l'insécurité persistante dans le pays, dont une grande partie du territoire échappe au contrôle des autorités. En décembre, plus d'une douzaine de pays occidentaux ont condamné ce qu'ils ont appelé le déploiement de mercenaires russes au Mali. La France est en cours de réduction de ses 5 000 soldats dans la région, considérés comme essentiels dans la lutte contre les insurgés islamistes au Sahel.

Noël Ndong
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