Originaire du Congo et basée à Brazzaville, Shadi Roxanne Kaya Nzoussi est une jeune artisane indépendante, responsable de la marque N’zusi depuis 2020. Son crédo ? Le design, le garnissage et la menuiserie modulaire, via lesquels elle donne naissance à des œuvres splendidement architecturales, faciles à transporter et à installer en fonction de l'espace de vie.
C’est par un dessin à la main que tout commence, puis un dessin assisté par ordinateur pour matérialiser tout meuble que Shadi Roxanne Kaya Nzoussi prévoit de fabriquer. La vision étant de se fonder sur des petits espaces et des petits budgets en vue de proposer des meubles qui correspondent aux surfaces à aménager.
Retour en 2018. Après trois années à étudier la comptabilité et la gestion d’entreprise, Shadi se sent insatisfaite de la trajectoire dont prend son existence. C’est alors que cette nièce de menuisiers juge bon de se réadapter pour faire autre chose. Elle côtoie ses oncles dans le domaine depuis des lustres et ceux-ci vont l’orienter vers le Centre de ressource professionnelle (CRP), filière bois. Shadi débute sa formation qui durera deux ans, avant d’émerger professionnellement en autodidacte.
Du haut de ses 25 ans, elle estime qu’il n’y a ni métier de femme, ni métier d’homme, il y a simplement des métiers et chacun est libre de choisir ce qui lui convient. « Personnellement ça été une sacrée expérience d’en arriver où j’en suis aujourd’hui. J’étais la seule femme dans le centre où j’ai passé ma formation. J’ai dû me battre à la hauteur des hommes en vue d’exceller », se remémore-t-elle le sourire aux lèvres et le regard gai.
Inspirée par l’architecture modulaire aux tendances africaines, Shadi opte généralement pour du bois, pagne, raphia, des perles ou encore des cauris pour réaliser une panoplie d’articles d’intérieur. « A travers les produits que j’utilise pour mes créations, je veux surtout vendre une belle image de mon pays le Congo. Alors que la jeunesse africaine semble quelquefois se perdre, il nous faut continuer à mener ce combat pour un retour à la source », affirme-t-elle. Ainsi, voient le jour des lits, meubles de bureaux, tablettes, luminaires, tables de décoration, multi-poufs de rangement, etc. Des ouvrages qu’elle accompagne d’une notice à la livraison afin de permettre à ses clients de les installer facilement.
Conduite par le ministère des Petites et moyennes entreprises et de l’Artisanat ainsi que l’Agence nationale de l’artisanat, Shadi a participé en décembre, avec une autre artisane congolaise, à la 21e édition de la Foire internationale de Dakar où elle a pu exposer ses œuvres durant six jours. Au terme de l’événement, la jeune artiste a été sacrée Prix de la créativité. « Je suis très heureuse pour cette distinction, qui est la toute première de ma carrière. Cette foire a été très positive. J’avais emmené près d’une vingtaine d’ouvrages dont le prix variait entre 2500 FCFA et 85 000 FCFA : six poufs, une tablette avec trois tabourets, des poses téléphones, des poses ordinateurs. Et j’ai tout vendu », se réjouit-elle.
Pour l’heure, Shadi travaille seule. Afin de finir ses commandes dans les délais, elle fait souvent recours à Nzura, une association réunissant ses amis artisans. En cette nouvelle année, elle nourrit l’ambition d’agrandir son équipe qui devra être constituée à 95% de femmes. La prochaine étape dans sa carrière est donc de convaincre et former davantage de jeunes femmes en vue de les encourager à pratiquer le métier. « Je voudrais voir des femmes apprendre aussi la menuiserie modulaire aux hommes. Cela n’est pas sexiste, notamment quand on sait que dans ce secteur la femme est peu plébiscitée et valorisée », pense Shadi Kaya.