Burkina Faso : Paul-Henri Sandaogo Damiba, nouveau président

Mardi, Janvier 25, 2022 - 11:30

Même si la situation reste confuse au Burkina Faso, une chose est sûre : le nouvel homme fort du pays est le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba suite à une mutinerie. Le président élu, Roch-Marc Christian Kaboré, a été arrêté  et détenu par les mutins.

« La France suit avec une  grande attention les événements en cours au Burkina Faso », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay. L’internet a été coupé . Les vols Air France ont été annulés. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) suit « avec une grande préoccupation » l’évolution de la situation «  caractérisée  par une tentative de coup d’Etat », peut-on lire dans un communiqué. L’organisation régionale « tient les militaires responsables de l’intégrité physique du président Roch Marc Christian Kaboré », arrêté et détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca).

Le président du Parlement, Alassane Bala Sakandé, et des ministres sont également aux mains des soldats. Roch Marc Christian Kaboré aurait été « exfiltré» de sa résidence le 23 janvier au soir, par des gendarmes de sa garde avant l'arrivée d'éléments armés qui auraient tiré sur les véhicules de son convoi. Des soldats mutins ont pris position devant la télévision nationale à Ouagadougou.

Dans la même veine, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a condamné « fermement la tentative de coup d'Etat contre le président démocratiquement élu » et a appelé l'armée et les forces de sécurité du pays « à s'en tenir strictement à leur vocation républicaine, à savoir la défense de la sécurité intérieure et extérieure du pays», dans un communiqué.

Un mouvement d'humeur des militaires pas forcément inattendu alors que le pouvoir apparaît fragile et que l'armée fait face à de très lourdes pertes, sans parvenir à contenir la violence djihadiste. Le gouvernement, dans un premier temps, a semblé contenir cette colère. Ces tensions interviennent au lendemain d’une journée mouvementée, où des manifestants ont réclamé, entre autres, la démission du président Roch Marc Christian Kaboré, le soutien aux Forces de défense et de sécurité ainsi  qu’à la junte au pouvoir au Mali, visée par des sanctions de la Cédéao. Ce coup de force militaire intervient à un moment où le Burkina Faso et l’Afrique de l’ouest sont confrontés à une profonde crise sociopolitique.

Comme ses voisins malien et nigérien, le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Malgré des opérations contre ces groupes, l’armée a du mal à contenir les violences qui ont fait plus de 2 000 morts en six ans, et contraint plus de 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers. Face à cette situation confuse, la position de la France est de plus en plus difficile à tenir dans la région.

L'ONU demande la libération immédiate du président Kaboré

Le Haut-commissariat aux droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies (ONU) a réclamé mardi la libération immédiate du président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, déposé par un coup d'Etat militaire ce week-end."Nous demandons aux militaires de libérer immédiatement le président ainsi que d'autres hauts responsables qui ont été arrêtés", a déclaré Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-commissariat, lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève.

Michelle Bachelet, la Haut-commissaire aux droits de l'homme, "déplore profondément la prise de pouvoir par les militaires", a souligné la porte-parole, d'autant qu'elle s'était rendue au Burkina Faso en novembre 2021 et avait salué la tenue pacifique d'élections législatives et présidentielle en 2020. "Nous appelons à un retour rapide à l'ordre constitutionnel", a ajouté la porte-parole.

"Au regard des menaces sécuritaires et des défis humanitaires immenses auxquels doit faire face le pays, il est plus important que jamais de s'assurer que la loi, l'ordre constitutionnel et les obligations du pays en matière de droit humanitaire soient pleinement respectés", a encore indiqué Ravina Shamdasani, précisant que l'Office allait continuer à surveiller la situation sur place.

 

Noël Ndong
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