Mali : la France et ses partenaires se donnent quinze jours pour sauver l'opération Barkhane

Mercredi, Février 2, 2022 - 13:42

Paris réfléchit avec ses partenaires européens à la façon dont elle peut poursuivre sa mission contre le terrorisme au Mali, alors que la présence du Danemark est indésirable.

Le départ des soldats français du Mali ne serait plus un tabou. La menace d'un retrait militaire et d'une fermeture de la base de Gao s’apparenterait à un test au gouvernement malien de transition. Le président français, Emmanuel Macron, avait d’ailleurs brandi la menace, convoquant les dirigeants des pays de la région du Sahel à Pau, en 2021. Le narratif a changé. Les nouvelles autorités maliennes veulent revoir le cadre des accords de défense avec la France. Paris vient de quitter le Nord du Mali, notamment la ville de Tombouctou, avec l’intention de faire passer ses effectifs de l’opération Barkhane de 5100 soldats à 2500 en 2023, et en guise de remplacement, la montée en puissance de la Task force Takuba, un groupe de forces spéciales européennes, sous commandement de la France. L’objectif pour Paris est double : ne plus apparaître en première ligne et partager le fardeau de la guerre contre le jihadiste au Sahel.

Mais c’était sans compter sur la détermination du gouvernement malien de transition, qui va réussir à interdire son espace aérien aux avions de la Minusma, aux armées française et allemande, demander la révision de l’accord de défense avec la France, et s’opposer - avec réussite - à l’arrivée d’un détachement danois de la force Takuba. Un autre pays européen, la Norvège, vient de renoncer à envoyer un contingent militaire qui devait intégrer la force Takuba, faute d'accord avec les autorités maliennes en pleine brouille avec les Européens. « Il n'a pas été possible d'établir un cadre juridique suffisant avec le Mali qui assure la sécurité de nos soldats », a affirmé le ministre norvégien des Affaires étrangères, Odd Roger Enoksen, devant le Parlement, avant d'ajouter : « A compter d'aujourd'hui, il n'est pas d'actualité d'envoyer une force norvégienne au sein de la force Takuba ».

Le quitus de trois autres pays européens attendu

Trois autres pays européens, le Portugal, la Hongrie et la Pologne attendent à leur tour le quitus du Mali, pour rejoindre la Task force Takuba. Quant aux Etats déjà participants, ils se sont donné quinze jours au maximum, pour décider de leur maintien ou pas, à l’opération. A ce contexte, s’ajoute le coup d’Etat militaire au Burkina Faso voisin, où  un rapprochement avec la Russie n’est pas à exclure – comme au Mali et en Centrafrique. Ce qui pourrait obliger Paris à repenser sa stratégie, sans pour autant quitter le Sahel, une région en proie au terrorisme jihadiste. Dès lors, le Niger peut faire figure de base arrière pour cette région, autant que la Côte d'Ivoire, le Bénin et le Togo, qui craignent une contagion, après le coup d’Etat avorté en Guinée-Bissau. Après le renvoi par le gouvernement malien de l’ambassadeur de France, la classe politique française a réagi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a tenté de rassurer les députés sur l’intérêt sécuritaire de la France au Mali et au Sahel.  « Notre volonté est intacte et ce n’est pas un événement dû à l’illégitimité d’un gouvernement de coup d’État qui va enrayer notre lutte contre le terrorisme », a déclaré Jean-Yves Le Drian.  À moins de trois mois de l’élection présidentielle, un retrait des troupes françaises au Mali apparaîtrait comme un revers pour le gouvernement.

Noël Ndong
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