L’ancien ministre français de la Défense estime que le schéma actuel au Mali se rapproche de ce que la France a connu en Afghanistan. L’Union européenne (UE), de son côté, invite les autorités maliennes à la désescalade.
Hervé Morin a comparé la situation au Mali à celle de l’Afghanistan. « On a un schéma qui s’approche chaque jour de plus en plus de ce que l’on a connu en Afghanistan », a indiqué l’ancien ministre de la Défense. « On est arrivé pour combattre le terrorisme et reconstruire un Etat sur un accord politique et on apparaît de plus en plus comme une force d’occupation », a-t-il déploré.
Pour lui, « continuer à déployer des forces importantes, sans accord politique, quels que soient les moyens déployés, l’équation est impossible. Il y a un moment il faut en tirer les conclusions ». Hervé Morin estime que la situation politique interne au Mali oblige à mettre fin à l’opération Barkhane. Il évoque « un espace gigantesque et un accroissement des forces terroristes ». En cela, « On ne peut pas installer quelque chose de durable et de stable si les conditions ne sont pas réunies dans le pays », explique-t-il. La France n’a pas « réussi son but de guerre et de ce fait ne peut rester présente au Mali contre l’avis des autorités locales », souligne l'ancien ministre. « Le renvoi de l’ambassadeur de France est une rupture. Quelle autre solution avons-nous que de nous retirer ? Barkhane doit être revue de fond en comble, il nous faut nous replier sur le Niger pour pouvoir intervenir en cas d’urgence », propose-t-il.
Pourtant, « on ne retire pas 5000 hommes du jour au lendemain, il faut faire ça dignement et proprement, pour arriver à rapatrier nos moyens. Ce sont des opérations très lourdes », conclut Hervé Morin.
Débattre de la question au Parlement français
Un débat va être organisé au Parlement français pour aborder la question de la présence française au Mali, a fait savoir, le Premier ministre, Jean Castex, devant le Sénat. Cette annonce intervient après l’expulsion de l’ambassadeur de France par les autorités maliennes. « La situation au Mali et au Sahel en général est extrêmement préoccupante », a reconnu le chef du gouvernement, pour qui la solution réside dans « la recherche d'une réponse multilatérale avec les États africains principalement concernés ». Il estime néanmoins que « ce n'est pas simplement un problème franco-malien, c'est un problème du Mali dans la lutte contre le terrorisme international ». La date du débat n’est pas connue à ce stade mais pourrait intervenir rapidement, le mandat d’Emmanuel Macron s’achevant en avril prochain.
Quant au Haut représentant de l’UE, il a invité les autorités maliennes à la désescalade en adoptant des gestes concrets et en reprenant le dialogue. L’UE a rappelé qu’elle est pleinement engagée pour la paix et la stabilité au Sahel, à la demande des Etats et en soutien aux populations, et elle fait part de son soutien et de sa solidarité avec la France et déplore la décision des autorités de transition maliennes, et appelle les autorités maliennes « à la retenue plutôt qu’à la répétition de comportements inacceptables vis-à-vis de ses partenaires européens, comme le Danemark, dont le contingent vient de faire l’objet d’une décision de renvoi sur la base de motifs infondés ». L’UE rappelle, par ailleurs, sa solidarité avec les positions prises par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest et l’adoption de mesures restrictives contre les contrevenants à l’achèvement de la transition politique au Mali.
Les autorités maliennes ont conditionné désormais toute présence d’une force militaire étrangère sur leur territoire par une signature d’un accord avec le président Assimi Goita.