Mali : les raisons du renvoi de l’ambassadeur de France

Lundi, Février 7, 2022 - 11:00

Depuis août 2021, Paris bloque la nomination de Moussa Sy, proposé par les nouvelles autorités maliennes comme ambassadeur du Mali en France. Bamako a répondu par la réciprocité. Les raisons du renvoi de Joël Meyer.

Moussa Sy a été proposé en août 2021 comme ambassadeur du Mali en France par les autorités maliennes de transition. Bamako attend toujours une réponse de Paris, alors que ce pays d’Afrique de l’Ouest n’a plus d’ambassadeur depuis février 2020 - époque du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). L’ambassadeur du Mali en France, Toumani Djime Diallo, a été accusé et chassé pour mauvais comportements par Paris. Il sera rappelé par les autorités de son pays. Depuis, la direction de l’ambassade est assurée par un chargé d’affaires. Pour lui succéder, le Mali propose Issa Konfourou, le représentant de ce pays aux Nations unies, à New York. Paris ne donnera pas de suite favorable. En août 2021, les autorités de transition maliennes vont proposer Moussa Sy comme leur  chef de mission diplomatique à Paris. La réponse sera négative. Ce dernier est jugé proche de Moscou. « Nous ne disons pas que c’est un espion, mais dans le contexte actuel, cette proposition est un message clair et une provocation », juge la source diplomatique française.

Aussi la demande d’agrément, habituellement étudiée « en quelques semaines », n’a toujours pas reçu de réponse après plus de cinq mois. Ce qui sera interprété par les autorités maliennes comme un affront de plus de la part de Paris. La France accuse le nouveau gouvernement de transition de proximité avec Moscou. L’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer,  répond à la réciprocité. C’est la conséquence du refus de la France d’accorder un agrément à Moussa Sy. Par solidarité, l’Union européenne (UE) vient de sanctionner cinq responsables maliens, dont le Premier ministre de transition, Choguel Maïga, deux « membres clés du cercle rapproché » du président Assimi Goïta, Malick Diaw, Ismaël Wagué, Ikassa Maïga et Adama Ben Diarra, considérés comme des instigateurs du coup d’Etat qui a renversé IBK, selon une source l’UE. Ils sont également accusés de faire obstacle à la transition politique. Ces sanctions consistent en une interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et un gel de leurs avoirs. Il est également interdit aux personnes et entités de l’UE de mettre des fonds à la disposition de ces cinq responsables.

Ces sanctions ciblées de l’UE - suspendent l’embargo pris contre le Mali- mettent la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans une situation délicate : Plus de gel du budget économique destiné au Mali.  La Cédéao pourrait s’aligner sur les choix de l’UE. L’organisation régionale est accusée d’avoir outrepassé les textes communautaires. Une décision qui apporterait un grand bol d’air aux autorités de Bamako, qui menacent de porter plainte à la Cédéao. Des pays frontaliers, la Guinée et la Mauritanie, ont refusé d’appliquer des sanctions au Mali. La présence de la Task force Takuba mise en place par la France pour « européaniser » son intervention au Sahel est fissurée et dans l’embarras. Ces militaires venus d’horizons divers ne pourraient rester au Mali qu’avec l’assentiment du gouvernement de transition. La Suède vient de sortir de Takuba.  

Noël Ndong
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