Le Cercle des amis des écrivains noirs engagés, conduit par son président au niveau du Congo, Tristell Mouanda Moussoki, a organisé, le 5 février à Brazzaville, le café littéraire à l’intention des élèves du complexe scolaire Anne-Marie Javouhey et de l’École internationale turco-congolaise.
Le café littéraire, dont le but a été de mettre en exergue le roman “Reste avec moi” de l’écrivaine nigériane Ayobami Adebayo, a réuni une centaine d'élèves. Dans son mot d’ouverture, Tristell Mouanda Moussoki a invité les élèves à aimer le livre pour la simple raison qu’il façonne les esprits, avant de leur expliquer comment est-ce qu’ils procèdent pour animer le café littéraire. « Dans un premier temps, j’envoie plus de cent livres aux élèves et dans un second temps, on passe à l’organisation d’un café littéraire », a-t-il dit.
Responsable de la Cene littéraire Congo, il a aussi expliqué le rôle de cette association ainsi que le livre à l’ordre du jour. « Le Cene littéraire est une association internationale qui vous ouvre les portes à la lecture. “Reste avec moi” est un roman de mémoire parce que dans nos sociétés africaines, lorsqu’une femme ne met pas au monde, on la pointe toujours du doigt, elle qui vit de la victimisation », a-t-il laissé entendre.
Sur le thème « Dynamique communicationnelle et renouveau textuel : cas du roman d’Ayobami Adebayo, “Reste avec moi” », Winner Franck Palmers, née Nicole Laure Théodora, a porté sa critique sur ce livre de 317 pages, divisé en quatre parties, et publié aux éditions Flore Zoa en 2017.
Chantre de l’Idylle, l’auteure offre, entre autres, au lectorat une narration de l’amour brisé et du délabrement du tissu social, a indiqué Winner Franck Palmers. Ajoutant que « dans ce roman construit à la première personne du singulier, l’auteure nous entraîne dans les labyrinthes africains à coloration nigériane dont la polygamie, la jalousie, la maltraitance… A cela s’ajoutent le spectre de la mort, le malaise politique, la fourberie d’un faux leader religieux, vendeur d’illusion, véritable loup revêtu du manteau d’agneau, les problèmes sanitaires (grossesse nerveuse, anémie falciforme sapant la vie de la progéniture). L’infertilité supposée de Yejide à l’issue des noces devient un ciel d’airain enrubanné de nuages gris qui ne laissent pas filtrer la lumière solaire. »
Une étoile qui illumine la littérature africaine
Ayobami Adebayo sépare les corolles de la fleur rose nommée amour et relève sa complexité dans les noces. « Ce n’est pas parce que (l’amour) est en mille morceaux à vos pieds que ce n’est plus de l’amour » dira Akinyele, qui partage avec son épouse Yejide la veste des protagonistes. Parmi le anti-héros, la belle-mère de Yejide, qui croit mordicus ce proverbe Olomo Lo L’Aye « Celui qui a des enfants possède le monde » (P.260) va troquer son affection pour Yejide contre le mépris en constatant que le lit demeure infécond, explique Winner Franck Palmers. Elle a précisé, dans sa critique, que l’auteure apporte une contribution digne d’intérêt aux débats autour des thématiques : Infécondité et mœurs en Afrique ; polygamie ; maltraitance des femmes ; noces barbares (un époux impuissant ou infécond arrange le prêt coïtal séquentiel de l’épousée avec son frère cadet pour la perpétuation du patronyme) ; spiritualité et enjeux ; Afrique : la politique à reconstruire ; anthroponymies, signifiances et influences…
Quant au renouveau textuel, Winner Franck Palmers estime que l’auteure repense le dire narratif en incrustant des éléments formels… Pour elle, la narration alternative permet un jeu de miroirs et des faisceaux d’éclairage en vases communicants. Comme dans un texte poétique anaphorique, l’écrivaine se sert de la répétition syntaxique. Cela est porteur et confère une part de musicalité au roman.
Née le 29 janvier 1988, la lauréate du prix “Les Afriques” 2020, Ayobami Adebayo, est une étoile scintillante qui illumine le firmament de la littérature africaine grâce à l’art du renouveau littéraire. Elle engendre, avec l’aurore de sa plume, une ère nouvelle qui permet de décimer les apocalypses des coutumes pernicieuses. Ayobami Adebayo est une romancière et journaliste nigériane.
La Cene littéraire, créée en 2015 par Flore Agnès Nda Meitz, avocate de nationalité camerounaise résidente en Suisse, a pour but de promouvoir et de défendre des œuvres littéraires produites par les écrivains afro descendants en mettant en exergue une cause humaine, sociétale, idéologique, politique, culturelle, économique de l’Afrique ou de sa diaspora. Afin d’atteindre ses objectifs, le Cene littéraire a créé un prix dénommé “Les Afriques”, remis à chaque édition au plus méritant depuis 2016. Le Cene est présent au Cameroun, au Burkina Faso, au Congo, au Sénégal, au Togo et au Niger.