Lors de son sommet à Addis-Abeba, en Ethiopie, du 5 au 6 février, l’Union africaine (UA) a reporté un projet de décision qui permet d'accorder à Israël la qualité de « Pays observateur ».
Les cinquante-cinq pays membres de l'UA sont divisés sur l’accréditation d’Israël à l’organisation en tant qu’observateur. Ce qui a abouti à la suspension de la requête de ce pays. Cette décision a été prise lors du sommet annuel de l’UA, qui a choisi de ne pas afficher ses dissensions en ajournant le débat sur le sujet hautement sensible. L’objectif de ce report est d’éviter une crise inédite au sein de l’organisation panafricaine, adepte du consensus. Prise en juillet 2021, la décision d’accréditation d’Israël par le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, divise l’organisation. Plusieurs États membres, dont l'Afrique du Sud et l'Algérie, s'en sont indignés, estimant que ce choix va à l'encontre des déclarations de l'organisation soutenant les Territoires palestiniens. Un comité va être créé pour étudier la question. Il l'examinera et présentera des recommandations au prochain sommet de l’UA. Il comprendra sept chefs d’Etat: Algérie; Sénégal; Cameroun; République démocratique du Congo (RDC); Afrique du Sud; Nigeria et Rwanda.
Ce report éviterait la possibilité d'un vote qui, selon certains analystes, aurait pu provoquer une scission sans précédent dans l'histoire de l'UA, qui fête ses vingt ans. Moussa Faki Mahamat avait, quant à lui, défendu son choix, invitant à « un débat serein », assurant que l’engagement de l’UA dans la « quête d’indépendance » des Palestiniens était « immuable » et ne pouvait que « continuer à se renforcer », soutenant que l’accréditation d’Israël ne pouvait que constituer « un instrument au service de la paix ».
Le sommet de l’UA n'a pas commenté la décision dans l'immédiat. Le président du Sénégal, Macky Sall, a pris le passage de témoin de son homologue de la RDC, Félix Tshisekedi, pour un an. Il a réitéré sa volonté de travailler avec tous les Etats membres pour la réussite de son mandat. « Ensemble, nous pourrons apporter une nouvelle pierre à l'édifice continental de nos rêves : une Afrique en paix, plus libre, plus unie et plus solidaire. Une Afrique debout et en marche vers plus de progrès et de prospérité », a-t-il déclaré, lors de son allocution comme nouveau président de l'UA. Puis il a rappelé : « Nos défis restent nombreux et pressants, qu’il s’agisse de la paix et de la sécurité, des changements anti constitutionnels de gouvernement, de la protection de l’environnement, de la santé et du développement économique et social […] L'urgence de paix et de sécurité nous rappelle, notre responsabilité particulière dans la lutte contre le terrorisme, le règlement pacifique des différends entre pays membres, et la prise en charge des situations de crises internes ».
Le sommet a porté sur le thème « Renforcer la résilience en matière de nutrition sur le continent africain : accélérer le capital humain et le développement social et économique ».