La 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) s’est déroulée du 9 janvier au 6 février au Cameroun. Elle a consacré les Lions de la Teranga champions d’Afrique pour la première fois. Le Sénégal devient ainsi la 15e nation africaine à remporter le prestigieux trophée continental.
Le Sénégal a assumé son statut. La première nation africaine au classement Fifa a dû faire preuve de beaucoup de courage, d’engagement et surtout de patience pour toucher enfin son but. La malédiction est brisée. Car malgré le talent de ses joueurs, le Sénégal n’avait jamais été champion d’Afrique. La génération d’Aliou Cissé ( à l’époque capitaine), Diouf, Fadiga avait perdu la finale pour la première fois en 2002 aux tirs au but face au Cameroun. En 2019 en Egypte, l’histoire s’était répétée pour le Sénégal de Sadio Mané battu une fois de plus en finale face à l’Algérie. Cette fois-ci, les Lions ne se sont pas fait piéger. Ils ont pris leur revanche en dominant l’Egypte aux tirs au but. Cette victoire vient effacer les critiques nées des piètres prestations de la sélection au premier tour.
Lors de la première manche, les Sénégalais n’ont inscrit qu’un seul but sur penalty transformé par Sadio Mané à la 97e mn face au Zimbabwe, au terme de deux nuls blancs contre la Guinée et le Malawi. Les Lions ont retrouvé leur efficacité au bon moment pour s’imposer lors des matches à élimination directe. Ils se sont imposés 2-0 face au Cap- Vert en huitièmes, 3-1 face à la Guinée équatoriale et le Burkina Faso respectivement en quarts et en demi-finale.
Cette victoire couronne surtout le travail du sélectionneur Aliou Cissé, sur le banc depuis près de sept ans. Malgré les échecs et les critiques, il avait toujours la confiance de la fédération. Lors de sa première CAN au Gabon en 2017, il a été éliminé en quarts de finale par le Cameroun. La victoire du Sénégal peut servir d’exemple pour le Congo. Absent de la CAN, le Congo devrait peut- être s’inspirer de la stabilité du banc sénégalais pour mieux rebondir. Notons que pendant plus de quatre ans, le Sénégal a été l’équipe la plus constante du continent.
Une première réussie pour la Gambie et les Comores
Cette compétition a aussi mis en lumière les sélections comme la Gambie et les Comores qui participaient à la CAN pour la première fois de leur histoire. La Gambie, éliminée en quarts de finale par le Cameroun, a laissé une très bonne impression à l’image de son buteur Musa Barrow. Pour leur première apparition, les Comores ont atteint les huitièmes de finale en sortant un grand match contre le Ghana lors de la dernière journée de la phase de groupe. Leur huitième de finale avait été gâchée par l'absence de leur gardien titulaire. Salim Bel Boina, très rassurant dans les buts, était blessé et les deux autres qui devraient le suppléer ont été touchés par la covid-19. C’est, d’ailleurs, un joueur de champ qui a été aligné dans les buts et les Comores ne se sont inclinés que 1-2 face au Cameroun.
Pour la première fois qu’elle se qualifiait après les éliminatoires, la Guinée équatoriale a été l’une des grandes satisfactions de la CAN. Elle a stoppé la série d’Algérie qui durait depuis trois ans avant que la Côte d’Ivoire ne l'enfonce. Les Equato-guinéens ont été éliminés en quarts de finale par le Sénégal. Le Malawi, qui a fait douter le Maroc, a confirmé la thèse selon laquelle il n’y a plus de petite équipe en Afrique. Exemptés du tour préliminaire des éliminatoires de la CAN 2023, les Diables rouges sont avertis que rien ne sera facile pour arriver en Côte d’Ivoire. Il suffit d’y croire en faisant aussi preuve d'une meilleure préparation et d'une bonne organisation afin de retrouver la place qui était la leur sur l’échiquier continental.
L’Egypte a, par exemple, disputé la finale de la CAN avec un effectif dominé à plus de 80% des joueurs évoluant au pays parce que le championnat est d’un très bon niveau. Avec une équipe très jeune, le Burkina Faso a atteint la demi-finale de la CAN. Sauf une erreur de concentration, il gagnait la médaille de bronze.
L’Algérie et le Ghana, la déception
La grosse déception vient des champions d’Afrique en titre. Comme en 1992, les Fennecs d’Algérie ont quitté la compétition dès le premier tour avec un maigre bilan de deux défaites et un match nul contre un but marqué. Le Ghana, quatre fois champion d’Afrique et habitué à disputer les demi-finales, s’est fait manger par les Comores lors du dernier match du groupe. Le Nigeria et la Côte d’Ivoire, qui ont fait bonne impression lors du premier tour, ont vu leur élan être stoppé de justesse en huitièmes de finale
Cent buts marqués en cinquante-deux matches
Au cours de cette compétition, cent buts ont été marqués, soit une moyenne de 1,92 par match. C’est deux de moins que lors de l’édition 2019 en Egypte (cent deux). Capitaine du Cameroun, Vincent Aboubakar est le meilleur buteur de la compétition avec huit réalisations. Il égale l'Ivoirien Laurent Pokou (1970) mais échoue à une longueur du record du joueur du Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo) Pierre Ndaye Mulamba (neuf buts en 1974). Lors de la dernière CAN en Egypte, le Nigerian Odion Ighalo a été sacré meilleur buteur avec cinq réalisations. Le match le plus prolifique est celui qui a mis aux prises le Burkina faso au Cameroun 3-3 lors du match de classement.
L’un des plus beaux buts du tournoi a été inscrit par le Malawite Gabadinho Mhango. D’une frappe de plus de 40 m à la trajectoire incroyable, lors des huitièmes de finale contre le Maroc, il a surpris le gardien des Lions de l’Atlas, Yacine Bounou, légèrement avancé. Le but du Comorien Youssouf M Changama contre le Cameroun, sans oublier les coups francs d’Hakimi, sont aussi à prendre en ligne de compte. Le nombre des penaltys manqués au cours d’un match est aussi impressionnant comme en témoignent ceux manqués par les stars de la compétition telles Sadio Mané, Riyad Marhez , Wahbi Kazhri, Franck Kessié, Bertrand Traoré… Les formes affichées par les gardiens Edouard Mendy et Gabaski justifient cette faible moisson.
Les problèmes d’organisation
Cette CAN a également revélé au grand jour les problèmes d’organisation. Le drame d’Olembé, causé par un engorgement de spectateurs et une porte ouverte au mauvais moment, a entraîné la mort de huit personnes, dont un enfant de 6 ans, le jour du match Cameroun-Comores, endeuillant la CAN. Les pelouses de certains stades ont été décriées à l’instar de celle de Japoma. Lors de l'entrée en lice de la Mauritanie, son hymne n'a pas été diffusé avant le début de la rencontre. Les organisateurs se sont trompés à trois reprises au moment de lancer l'hymne de la Mauritanie. Les joueurs mauritaniens ont finalement été contraints de commencer leur match sans avoir entendu l'hymne officiel actuel.
Les erreurs de jugement
L’image du match Tunisie– Mali marquera les esprits. L’arbitre de la rencontre, le Zambien Janny Sikazwe, a sifflé la fin à deux reprises avant le temps règlementaire. Les décisions arbitrales lors du match Mali-Guinée équatoriale ont été aussi contestables, notamment un penalty que le Mali aurait pu obtenir suite à une main de la Guinée équatoriale en pleine surface de réparation. La VAR n'a pas validé la faute après avoir déjà annulé un autre penalty sifflé au Mali. Les cartons rouges attribués après le visionnage de la VAR ou encore le but bissau-guinéen refusé contre l’Egypte ont aussi fait parler.
Pays organisateur, le Cameroun se console avec la médaille de bronze car depuis l'Egypte en 2006, aucun pays organisateur n’a soulevé le trophée.