Crise éthiopienne: l’UE relève des signaux positifs

Samedi, Février 12, 2022 - 11:51

L’envoyée spéciale de l’Union européenne (UE) pour la Corne de l’Afrique, Annette Weber, a effectué récemment une visite de travail à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, où elle s’est entretenue avec le Premier ministre, Abiy Ahmed, et plusieurs membres du gouvernement.

À son retour à Nairobi, Annette Weber s’est exprimée lors d’un point presse le 11 février, affirmant voir des signaux positifs pour l’évolution de la crise éthiopienne, « même si tout n’est pas encore fait », rapporte-t-on de Nairobi.

« Nous reconnaissons qu’il y a eu beaucoup de changements de la part du gouvernement éthiopien ces dernières semaines, notamment la libération des prisonniers, l’ordre donné aux troupes fédérales et à la milice Fano de ne plus avancer dans le Tigré, la baisse des discours de haine, des visas accordés aux humanitaires. La situation s’est améliorée mais tout n’est pas acquis, et pour parler de paix, je suis certes optimiste mais je reste prudente », a déclaré la représentante de l'UE pour la Corne de l'Afrique. 

Selon elle, la guerre et la fragmentation du pays sont arrivées à un tel niveau que « cela risque de ne pas être suffisant d’avoir un accord entre le TPLF, les forces rebelles du Tigré, et le gouvernement fédéral. Les milices ethniques dans les régions Afar et Amhara ne sont pas très enthousiastes à l’idée de mettre en pause la guerre, de rester tranquilles, car elles ont l’impression de ne pas avoir assez de garanties que le TPLF et les forces rebelles du Tigré n'avanceront pas ».

En parallèle, Annette Weber a le sentiment que « le TPLF est sincère quand il dit vouloir une solution éthiopienne au conflit et non pas l’indépendance. Maintenant, à quoi cette solution pourrait-elle ressembler ? C’est justement ce qui doit faire l’objet de discussions, pas seulement entre les deux camps mais avec l’ensemble des parties prenantes. Toutefois, avant d’arriver à ces discussions, un cessez-le-feu est indispensable. » 

Signalons qu’en Éthiopie, les combats continuent et se sont même intensifiés ces dernières semaines, avec la progression des rebelles tigréens en région Afar. Des initiatives diplomatiques se multiplient pour mettre un terme aux combats.

La visite de la représentante de l’UE intervient après celle de l’Union africaine et de l’émissaire pour la Corne de l’Afrique, Olusegun Obasanjo. En quinze mois, le conflit opposant les forces gouvernementales éthiopiennes aux rebelles du Tigré a fait des milliers de morts et a conduit des centaines de milliers de personnes au bord de la famine, selon les Nations unies.

L’émissaire de l’UE a aussi réitéré le besoin de voir un accès libre à la région du Tigré pour les convois humanitaires. L’agence humanitaire des Nations unies Ocha a, d’ailleurs, dénoncé le 10 février des livraisons d’aide « largement réduites ou suspendues, y compris les distributions essentielles de nourriture, d'eau, de services de santé », a indiqué le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires et expliqué faire face à un manque de carburant. 

L'agence a souligné qu'aucune livraison de carburant n'a été autorisée dans la région depuis le 2 août 2021, à l'exception de deux camions en novembre, tandis qu'une crise de trésorerie a laissé les organisations à but non lucratif locales profondément endettées et ayant du mal à payer les salaires depuis juin dernier.

Yvette Reine Nzaba
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