Interview. Hugues Ngouélondélé : " Le gouvernement congolais est préoccupé par la question de l’adéquation formation-emploi"

Lundi, Février 14, 2022 - 11:45

Après le premier Forum de recrutement des Congolais de l’étranger à Issy-les Moulineaux, la stratégie de l’Agence congolaise pour l’emploi et de son ministère de tutelle se consolide. Hugues Ngouélondélé, ministre de la Jeunesse, des Sports, de l’Education civique, de la Formation qualifiante et de l’Emploi, explique les grandes lignes de l’évolution de la mise en place du trait d’union entre les compétences congolaises de la diaspora européenne et les entreprises installées en République du Congo. Interview.

Hugues NgouelondéléLes Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Trois mois après sa tenue en France, pouvez-vous nous dire à quelle étape se situe l’après Forum d’Issy-les-Moulineaux ?

Hugues Ngouélondélé (H.N.) : Le forum d’Issy-Les-Moulineaux a été préparé et déployé, et nous en sommes aujourd’hui à l’étape du suivi. Trois mois après la tenue de ce forum, j’ai réuni à mon cabinet, en date du 7 Février 2022, tous les acteurs qui y ont participé. Le bilan pour une première expérience est plutôt positif : 157 personnes ont exprimé leur désir de rentrer travailler au Congo auprès des entreprises participantes.

L.D.B. : Dans quels secteurs d’activité les entreprises orientent-elles principalement leurs priorités d’embauches en faveur des Congolais prêts à la mobilité vers le Congo ?

H.N. : Les entreprises présentes à ce forum provenaient de secteurs d’activités divers et variés. Après avoir posé ce jalon, permettez que j’inverse la question : les Congolais de la diaspora qui ont participé à ce forum avaient quels profils ? Nous avons remarqué que les Congolais ont exprimé leur désir de rentrer principalement dans les domaines des BTP, de la banque et des services, soit 97 CV sur 157 ; ceci représente 61,7%.

L.D.B. : À ce jour, disposez-vous d’une base de données de professionnels congolais de l’étranger ?

H.N. : La vertu cardinale de chaque première expérience est qu’elle permet de dresser les points forts à consolider et les points faibles à améliorer. Au sortir de notre réunion de suivi du 7 Février, l’un des points retenus est la création/mise en place à Paris d’un bureau d’information sur le service public de l’emploi du Congo. À quoi servira, entre autres, ce bureau ? À recevoir les offres d’emplois du Congo et les mettre à la disposition de la diaspora ; à enregistrer les Congolais qui expriment le désir de rentrer travailler au Congo ; à fluidifier les prochains forums en ce sens que les offres seront reçues et dispatchées par avance et chaque postulant saura à quel stand se présenter… Ainsi, notre base de données constituée au départ des 157 postulants du forum de 2021 s’agrandira au fil du temps ; c’est une base dynamique.

L.D.B. : Comment les entreprises organisent-elles le retour au Congo des premiers membres de la diaspora déjà embauchés ?

H.N. : Les entreprises m’ont informé des dossiers qui ont abouti et certains de nos compatriotes vont rentrer travailler au Congo entre mars et avril de cette année. À la prochaine réunion de suivi, j’aurai des statistiques précises. Comme vous pouvez l’imaginer, la mobilité professionnelle prend en compte beaucoup de considérations : familiale, matérielle, contractuelle…. Les entreprises basées au Congo, et appartenant pour la plupart à des grands groupes internationaux, sont conscientes de concilier les impératifs d’optimisation des coûts et d’acquisition des ressources de qualité ; elles sont donc à pied d’œuvre. Pendant le forum de novembre 2021, nous avons eu droit à des témoignages d’anciens membres de la diaspora qui travaillent désormais au Congo et, demain, je suis sûr que nous obtiendrons les témoignages des Congolais qui rentreront après ce premier forum.

L.D.B. : Le gouvernement congolais porte un regard sur l’adéquation  formation-emploi des jeunes diplômés sur place au Congo. Le pays peut-il accompagner les jeunes diplômés pour un premier emploi ?

H.N. : Le gouvernement congolais, à l’instar des gouvernements des autres pays, est préoccupé par la question de l’adéquation formation-emploi. Ceci commence par les formations initiales à vocation diplômante. Cependant, il importe de signaler, pour la gouverne de tous, que c’est un concept très évolutif et ce challenge est présent aussi bien dans les pays africains que dans les pays occidentaux. Les secteurs d’activités évoluent tellement vite qu’il faut que les formations, les plateaux techniques de formation et les diplômes suivent. Pour le cas précis du Congo, nous avons mis en place le Fonds national d’appui à l’employabilité et à l’apprentissage (Fonea), qui est un dispositif à vocation qualifiante, pour réajuster l’adéquation formation-emploi. Cet organisme a, entre autres missions, celles de donner le savoir-faire et le savoir-être nécessaires aux postulants à des métiers bien précis, à savoir l’apprentissage ; promouvoir l’employabilité en donnant le corpus de connaissances additionnelles au primo- demandeurs d’emplois pour trouver un poste ou à des travailleurs pour se maintenir dans leur travail ou se convertir à d’autres métiers ; accompagner les porteurs de projets.

L.D.B. : Peut-être un dernier mot pour clore ?

H.N. : Oui, un message à l’endroit de notre diaspora. Il ressort de ma première réunion de suivi du forum 2021 que dans le secteur de la transformation du bois, des brasseries, il y a des postes d’ingénieurs qui n’ont pas trouvé de candidats. Dès la mise en place du bureau d’information sur le secteur public de l’emploi, à Paris, j’exhorte nos compatriotes à s’approprier cet instrument pour être au faîte de l’actualité de l’emploi au Congo.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma
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Photo : Hugues Ngouélondélé
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