Ancien ministre des Sports et de l’Education physique (2O11 à 2017) de la République du Congo, Léon-Alfred Opimbat vient de commettre un livre témoignage "Sports et éducation physique en République du Congo/ Mon témoignage pour bâtir", aux éditions L’Harmattan Congo.
Subdivisé en quatre parties que Léon-Alfred Opimbat désigne par « matchs » pour les trois premières (Les matchs gagnés, Les matchs perdus, Les matchs à rejouer) et par La troisième mi-temps pour la dernière, l’ouvrage de 276 pages s’ouvre par une préface du professeur philosophe Jean Luc Aka Evy, intitulée « Pour ne pas oublier » et se referme par une postface du sociologue Henri Ossebi, suivie d’une partie annexe qui regroupe des allocutions/morceaux choisis que l’auteur a eu à prononcer en sa qualité de ministre à diverses circonstances.
Comme le souligne si bien le surtitre de l’ouvrage, c’est un livre-témoignage en vue de contribuer à la construction du présent et du futur dans le cadre du sport et de l’éducation physique en Afrique, en général, tant que les réalités se ressemblent, et au Congo, en particulier, tant qu’il est plus proche de lui. Au regard du ton que Léon-Alfred Opimbat adopte dans son écriture, on se rend réellement compte qu’il s’agit d’un vrai témoignage ou, tout au moins, d’une expérience partagée et non d’une réaction contre lui-même ni contre quiconque.
Dans la préface, le Pr Jean Luc Aka Evy met déjà le lecteur en garde : « … ce livre n’est pas un plaidoyer ni un cri de colère, ni une récrimination, encore moins une justification. C’est tout juste le ressenti d’un républicain qui dit avec des mots graves et suaves, ce qu’il a éprouvé physiquement et spirituellement lors de « ses matchs » à lui quand il défendait à corps et à cris, à hue et à dia, avec une peine et joie, plaisir et honneur, les couleurs du sport congolais » (p.15). Aussi ajoute-t-il avec une touche de solennité : « Ce livre est en fin de compte une confession, une offrande qu’il adresse au peuple sportif congolais, à toute la Nation pour qu’ensemble, en communion, une réflexion et des actions soient poursuivies en vue d’esquisser le meilleur viatique du sport au Congo» (p.15).
Un jour on perd, un jour on gagne : Les matchs gagnés !
Léon-Alfed Opimbat donne une acception très particulière au nominatif « matchs ». Il exprime par-là « autant d’enjeux et d’obstacles à franchir à partir desquels un mental se construit, une expérience se forge » (p.25). Ainsi, il ouvre son témoignage sur une première partie qu’il désigne par « Les matchs gagnés » : des enjeux et des défis multiples qui ont eu un aboutissement favorable. C’est le cas de l’une des plus importantes missions qu’il a reçue du président de la République, le chef de l’Etat congolais : redevenir africain ! Voilà ce qui relève du défi, un défi majeur, celui d’aller à la reconquête de l’espace africain, d’être de plus en plus présent dans les grands rendez-vous sportifs africains, et au-delà, de revenir au bercail avec une victoire dans la poche ! « Nous sommes absents de l’échiquier sportif africain… », avait martelé le premier citoyen congolais, Denis Sassou N'Guesso, le prescripteur de la mission que l’auteur déroule de belle manière en choisissant les termes qui conviennent. « Ce triste constat du chef de l’Etat, (…) commandait un sursaut national, par une prise de conscience de tous les acteurs directs et indirects, de la nécessité d’une reconquête des performances sportives qui nous replaceraient sur la plan continental » (p.39).
En effet, dans les pages qui suivent et enrichissent son témoignage, l’auteur rappelle à ses lecteurs les jours heureux et ensoleillés qu’a connus le sport congolais. Il ressasse les prouesses de ses acteurs mythiques qui l’ont fait briller au firmament du continent africain, à l’instar de ces trophées historiques des années 1965, 1972 et 1974. Alors comment faire pour reconquérir sa place dans les grandes aires des jeux africains ? S’interroge, en premier lieu, Léon-Alfred Opimbat qui, après tout diagnostic comme le fait un bon médecin -qu’il est d’ailleurs-, doit courageusement et impérativement se servir de son bistouri afin de réparer la santé de son patient moribond : le sport congolais. A cette première interrogation s’ajoute une deuxième. C’est celle qui a trait aux stratégies à mettre en musique pour espérer un meilleur rendement à l’issue des 11es Jeux africains de Brazzaville en 2015. Comment fallait-il y aboutir ? Pour lui, cette question relative aux 11es Jeux africains ouvrait une double perspective. D’abord celle de présenter des acteurs sportifs qui sont à la hauteur du rendez-vous, et donc qui répondent aux exigences et à la rigueur des performances attendues. Ensuite, dans sa démarche et son cheminement vers une impérative reconquête, celle d’offrir à travers les 11es Jeux africains le lieu et l’ultime opportunité de prendre la mesure du travail entrepris avec frénésie et passion. Au bout du compte, c’est le défi à relever. Et à cela, nul prétexte ne peut justifier un échec, de quelque nature qu’il soit ! « En définitive, avec 32 médailles dont 8 en or, 4 d’argent et 20 de bronze, les athlètes congolais se sont classés sixièmes sur cinquante pays présents, au terme des 11es Jeux africains-Brazzaville 2015… » p. (102), relève Léon-Alfred Opimbat, à côté d’autres succès non moins notables !
La préparation et la formation des sportifs aux compétitions de haut niveau
Dans son livre témoignage, Léon-Alfred Opimbat aborde la question de la préparation et celle de la formation des sportifs avec beaucoup d’insistance et de rigueur, principalement dans la deuxième partie intitulée « Les matchs perdus ». Mais au-delà de cette partie, cette double préoccupation demeure récurrente et traverse tout l’ouvrage. On peut , par exemple, lire : « La question de la préparation des sportifs aux compétitions de haut niveau est d’une importance capitale, si nous ambitionnons de bons résultats. Il est d’évidence que la performance est l’objectif primordial de la pratique sportive d’élite. Elle est la recherche permanente des résultats améliorés et chiffrés par un athlète ou une équipe. C’est donc le fruit d’une évaluation réalisée dans les compétitions de haut niveau. La chaîne triptyque est établie entre la préparation, la compétition et la performance » (p.113).
Tenant compte de son expérience d’ancien gestionnaire du département des Sports et de l’Education physique, il fait le distinguo des parts de responsabilité pour parvenir à un succès réel. Ainsi mentionne-t-il que « la préparation technique est le domaine de l’athlète et des encadreurs techniques. Elle obéit aux exigences de l’entraînement sportif qui prend en compte la bonne couverture médicale… » (114). Quant à l’Etat, (il) « assure la régulation, l’octroi des subventions financières destinées à la formation, aux compétitions sportives et aux autres activités de souveraineté » (114). Il résulte de ce raisonnement rigoureusement élaboré qu’il n’y a point de charlatanisme en sport et surtout dans la quête des performances positives : « De ce que j’entends ou vois faire avec charlatanisme, je n’y crois pas », s’exclame-t-il (p.71).
Un ouvrage témoignage « pour bâtir », « pour ne pas oublier », mais surtout pour passer le relais !
S’il est vrai que « Tout progrès résulte de l’addition et de la consolidation des acquis » (p.19), alors l’ouvrage de Léon-Alfred Opimbat, "Sports et éducation physique en République du Congo/ Mon témoignage pour bâtir", ouvre une passerelle et donc un pont entre les gestionnaires du département des Sports et de l’Education physique et les acteurs directs et indirects, en Afrique en général, et en République du Congo, en particulier, dans la perspective de communier ensemble autour des réelles réflexions et analyses qui vont relever le sport, en tenant compte des acquis existants et des faiblesses à remonter. « L’écriture (facile et rapide) de cet essai a eu sur moi un « effet miroir ». Car, avant tout, l’auteur a réussi à éviter deux pièges : le déballage populiste d’une part, l’autocélébration béate, d’autre part. Au contraire et à sa façon, muni de ses outils d’analyse et de travail, Léon-Alfred Opimbat nous renvoie, me renvoie, à cette part d’héritage que nous avons en partage » (p.177), nous livre son postfacier, le sociologue Henri Ossebi. Il aurait été intéressant d’en dire plus mais comme il s’agit d’un témoignage que chacun en découvre la substance pour un meilleur partage.