Opération Barkhane/Task force Takuba : la France et ses alliés militaires se retirent du Mali

Jeudi, Février 17, 2022 - 15:06

La France, ses alliés européens de la task force Takuba et le Canada ont annoncé « un retrait coordonné » au Mali. Le président français, Emmanuel Macron, « récuse le terme d’échec » après l’annonce du retrait de la force Barkhane de ce pays d’Afrique de l’ouest. 

Emmanuel Macron s’exprimait, le 17 février, après la diffusion d’un communiqué de presse commun de l’Elysée, des pays européens engagés dans la force Takuba et le Canada annonçant officiellement la fin de leur présence au Mali. Ce qui était dit depuis plusieurs semaines est désormais acté. Il s’agit du retrait des forces étrangères, notamment la force Barkane et la task force Takuba du Mali. Un partie de ses militaires sera redéployée au Niger frontalier.  Le président français souhaite « impliquer et appuyer davantage les pays voisins de la bande sahélienne » et les pays du golfe de Guinée. « Les groupes terroristes jouent de la porosité des frontières », assure-t-il. Ainsi, « une coordination transfrontalière est indispensable pour contrer cette stratégie, c'est tout le sens d'un renforcement de la coordination entre les pays de la région ». Concernant  spécifiquement le Mali, la France ne peut pas « rester engagée militairement aux côtés d'autorités de fait » dont elle ne partage « ni la stratégie ni les objectifs cachés », a souligné Emmanuel Macron. Sur le terrain, ce retrait « se traduira par la fermeture des emprises de Gossi, de Ménaka et de Gao » qui « sera effectuée de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et avec la Mission des Nations unies au Mali ».

Pour les cinquante-trois soldats « tombés au Sahel pour la liberté » et pour « les six Français qui ont perdu la vie au Niger en août 2020 », Emmanuel Macron a rendu un vibrant hommage.  Il a déploré qu’« Al-Qaïda et Daech aient choisi de faire de l'Afrique, du Sahel en particulier, et maintenant de manière croissante du golfe de Guinée, une priorité de leur stratégie d'expansion ». Pour le chef d'Etat du Sénégal, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, la lutte contre le terrorisme « ne saurait être la seule affaire des pays africains ».  « Je suis heureux que l'engagement ait été renouvelé de rester dans la région et de réarticuler le dispositif », a-t-il souligné. Les opérations de retrait seront planifiées sur les quatre à six prochains mois « en bonne intelligence avec les armées maliennes », a indiqué Emmanuel Macron. 

Le retrait  de la France, ses partenaires européens et le Canada  des opérations militaires antidjihadistes au Mali est motivé par la dégradation des relations avec le nouveau gouvernement de transition malien. « Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies » et les pays ont décidé « le retrait coordonné » du Mali, tout en assurant de leur « volonté de rester engagés dans la région » du Sahel, en proie à la contagion djihadiste, et d'« étendre leur soutien aux pays voisins du golfe de Guinée et d'Afrique de l'ouest », selon une déclaration conjointe.

 Les « paramètres » de cette réorganisation seront donc arrêtés « d'ici juin 2022 », pour faire « progresser la paix et la prospérité en Afrique », a précisé le président du Conseil européen, Charles Michel. A l’encontre du nouveau pouvoir malien, Emmanuel Macron a indiqué que « la lutte contre le terrorisme ne peut pas tout justifier, elle ne doit pas sous prétexte d'être une priorité absolue se transformer en exercice de conservation indéfini du pouvoir ». Le pays maintiendra un rôle « d'appui », de « partenaire ». 

Concernant la société paramilitaire russe Wagner, il a expliqué que le Mali est « libre de structurer des relations militaires avec la Russie » même s'il « embauche des mercenaires venus sécuriser leurs intérêts économiques ». La France est militairement présente depuis 2013 au Mali. Quelque 25 000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4 300 Français (2 400 au Mali dans le cadre de Barkhane), selon l'Élysée. Le pays accueille également 15 000 soldats de l'ONU au sein de la Minusma, dont l'avenir est désormais en suspens.

Noël Ndong
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