Centrafrique : l’ONU s’insurge contre des exactions commises dans le pays

Samedi, Février 19, 2022 - 12:45

Dans son dernier rapport, publié le 19 février et remis au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies(ONU), Antonio Guterres, a mis en évidence les exactions commises en République centrafricaine (RCA) par les forces nationales et leurs soutiens étrangers, allusion faite aux paramilitaires du groupe privé russe Wagner.

Dans le texte, le chef de l’ONU salue le cessez-le-feu proclamé, le 15 octobre, par le président  Faustin Archange Touadéra, mais regrette l’absence de progrès tangibles depuis.

Les tensions politiques persistent en RCA et le dialogue républicain, au point mort, met en difficulté l’application de l’accord de 2019. Antonio Guterres a exhorté, d’ailleurs, les autorités du pays à mieux maîtriser les Forces armées centrafricaines (Faca) ainsi que « d’autres personnels de sécurité ».

Le secrétaire général de l'ONU a également dénoncé plusieurs opérations menées par l’armée et ses mercenaires, dont celle qui a causé la mort de dix-sept civils, le mois dernier, près de Bria. Il s’insurge aussi contre de nombreuses interdictions d’accès aux Casques bleus de la Minusca.

Le dernier rapport de l'ONU s’inquiète également du recrutement de miliciens anti-balaka par les Faca et leurs alliés russes, ainsi que du ciblage de plus en plus fréquent des communautés peules et musulmanes. Les forces pro-gouvernementales poursuivent actuellement leur offensive dans le nord-est du pays autour des principaux sites miniers. 

Des entraves au travail d'enquête sur plusieurs massacres

L’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en RCA, Yao Agbetse, qui a achevé le 17 février une visite dans le pays, a dénoncé notamment les entraves au travail d’enquête de l’ONU par les forces bilatérales russes et les Faca. Des obstructions qui menacent, selon lui, la manifestation de la vérité, notamment concernant plusieurs massacres commis ces derniers mois.

En quatre mois, l’ONU a recensé au moins 229 civils tués. Selon elle, près de la moitié des exactions désigne « les Faca et leurs alliés russes comme responsables ».

« Nous avons dit aux autorités qu’il est important de tracer une ligne rouge que les alliés ne peuvent pas franchir. Parce qu’une chose est d’apporter son appui pour que la situation puisse s’améliorer, et cela a été apprécié – mais une autre chose est de mettre des obstacles, d’entraver parfois systématiquement le travail des enquêteurs », a expliqué Yao Agbetse.

Des enquêteurs empêchés notamment de se rendre dans les zones minières, théâtre de violents combats, et où de nombreux civils auraient également perdu la vie. « Si on est empêché d’accéder à des lieux où des violations auraient été commises, cela peut laisser supposer que les entités qui procèdent ainsi ne veulent pas la manifestation de la vérité et cela est inacceptable », a-t-il fait savoir.

Yvette Reine Nzaba
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