Tensions Bamako-Paris : la France saisit le Conseil de sécurité

Mardi, Février 22, 2022 - 15:23

Après l’annonce du retrait de ses troupes du Mali, la France vient de solliciter une réunion du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour faire part de sa décision. La rencontre a lieu à huis clos.

A la demande de la France, le Conseil de sécurité de l’ONU va tenir une réunion informelle  à huis clos sur le Mali, en vue d’expliquer à ses membres les raisons du retrait de l'opération française Barkhane et européenne Takuba, a-t-on appris. Sera également abordé,  l’impact des décisions françaises sur la mission des Nations unies au Mali (Minusma). Cette session se tient sous  la présidence tournante de la Russie. Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé, la semaine dernière, le retrait sur « quatre à six mois » du Mali de la force française Barkhane et de la task force européenne Takuba, alors que la Minusma bénéficie de son soutien aérien et médical.

Pour certains diplomates, le retrait des soldats français pourrait conduire des contingents européens participant à la Minusma, comme l’allemand ou le britannique, à engager aussi leur départ. L’avenir de la Minusma, dont le mandat annuel est à renouveler en juin, pourrait être ainsi compromis par les derniers développements au Mali qui a décidé de diversifier son partenariat  en matière de défense. Au-delà de la Russie, on parle de la Turquie et de l’Iran...

L'impact du retrait français sur la Minusma

Le retrait français ne doit "pas saper la Minusma", a  souligné un diplomate. Il pense que la Minusma "restera présente" au Mali, tout en soulignant qu’elle devra "s'adapter" au retrait des forces françaises. Pour le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, il est "clair" que le retrait français "modifiera le paysage sécuritaire" au Mali et il précise qu’il était en cours d’examen à l’ONU. Mais il s'est montré rassurant. "Nous continuerons à travailler avec les autorités pour essayer de remettre une transtion sur les rails selon un calandrier acceptable, et pour solidifier les accords de paix", a-t-il assuré. Le 21 février, l’assemblée tenant lieu d’organe législatif depuis le coup d’État militaire a entériné une période de transition avant des élections et un retour des civils à la tête du Mali qui pourrait durer cinq ans, un délai rejeté pour le moment par l’ONU et une partie de la communauté internationale. Créée en 2013 après le déclenchement des insurrections indépendantiste et djihadiste l’année précédente, la Minusma comptait fin décembre 14 163 Casques bleus, pour un budget annuel de plus d’un milliard de dollars.

Amélioration de la situation sécuritaire et de droits de l'homme

La situation sécuritaire et de droits de l'homme s'est quelque peu améliorée au Mali, a déclaré un expert des droits de l'homme de l'ONU, Alioune Tine, mais il a prévenu que cela ne devait pas occulter les défis à venir. « Pour la première fois depuis le début de mes visites en 2018, j'ai noté une amélioration tangible de la situation sécuritaire, de la situation des personnes déplacées internes, de la situation des droits de l'homme ainsi que des dynamiques de paix endogènes, notamment dans le centre du Mali », a déclaré Alioune Tine, au terme d'une visite officielle de dix jours.

Pour preuve, la récente diminution du nombre de personnes déplacées et de conflits intercommunautaires, due à la pacification progressive de certaines localités dans les régions du centre et du nord du pays. Sur le plan de la sécurité, les groupes extrémistes violents, notamment la Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimin, l'État islamique dans le Grand Sahara et d'autres groupes similaires, ainsi que les groupes armés communautaires dits d'autodéfense, continuent d'attaquer, de tuer et d'enlever des civils, a-t-il déploré. Concluant : « Tous comptes faits, la communauté internationale et africaine doit reconnaître la nécessité de repenser les réponses sécuritaires au Sahel et  j'appelle également au développement de stratégies de sécurité plus intégrées, axées sur la protection de la population civile et de ses droits humains fondamentaux ».

Noël Ndong
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