Détournement des deniers publics : une action interministérielle envisagée contre les mandataires impliqués

Mercredi, Février 23, 2022 - 18:30

L’option a fait l’objet d’un échange fructueux entre les ministères du Portefeuille et de la Justice. L’étau semble bien se resserrer sur les mandataires compromis dans des actes de détournement. En juin dernier, le président de la République lui-même avait instruit le gouvernement de prendre des mesures conservatoires pour mettre hors d’état de nuire les auteurs de la mauvaise gouvernance.

On en sait un peu plus sur les points essentiels qui figuraient au menu des échanges entre la ministre d’État en charge du Portefeuille, Adèle Kayinda, et son homologue de la Justice, Rose Mutombo. En effet, il y a bien eu une importante séance de travail en apparté, au cours de laquelle des rapports accablants ont été déposés sur la table de la ministre de la Justice. Pour sa part, Adèle Kayinda affirme réunir des rapports qui accablent quelques mandataires à la tête des entreprises publiques, notamment la Société congolaise des transports et de ports (SCTP), la Régie de distribution d’eau, Cobil SA et la Société nationale des hydrocarbures. Elle se dit déterminée à barrer la route à ceux qui veulent braver l’État de droit. Par ailleurs, ces rapports touchent aussi d’autres entreprises dont les noms ne sont pas cités, du moins pour le moment.

Dans sa démarche contre les présumés détourneurs, Adèle Kayinda a entrepris de suspendre certains mandataires en juillet 2021. Outre la SCTP, il y a aussi les mandataires de Congo Airways. L’objectif était de permettre à la justice congolaise de faire son travail. Sept mois après, le bilan reste assez mitigé. Il y a eu certes des arrestations, mais on attendait bien plus. En effet, il faut, a-t-elle insisté, qu’il y ait une restitution de l’argent dérobé. C’est le cas pour les deux entreprises précitées, en l’occurrence la SCTP et Congo Airways, où les mandataires ont fait l’objet d’une arrestation sans qu’il y ait par la suite la restitution des deniers publics détournés.

Au regard de ce développement, on comprend mieux le sens de sa rencontre avec son homologue de la Justice. Il faut simplement baliser le terrain pour les actions futures. Dans la foulée, elle réaffirme sa détermination à aller jusqu’au bout de sa démarche. Pour l’heure, les seules informations sur la teneur de la rencontre concernent bien entendu le sort des mandataires concernés et d’autres dans le collimateur. Il y a bien une lueur d’espoir. En effet, la ministre de la Justice a promis de s’imprégner des rapports transmis par le ministère du Portefeuille.

Pour rappel, l’Inspection générale des finances (IGF) a publié en son temps des conclusions très compromettantes sur la gestion des entreprises et établissements publics. Elle a fait état de la perception par les gestionnaires d’avantages exorbitants au mépris des dispositions légales et réglementaires, de l’allocation à certaines catégories du personnel des avantages de toute nature au détriment d’autres catégories d’employés non-bénéficiaires et de la mauvaise gouvernance caractérisée par les dépenses sans pièces justificatives. A cela, l’IGF a déploré également la multiplication des marchés publics de gré à gré comme mode de passation. Tous les dossiers « sales » se retrouvent aujourd’hui sur la table de la ministre de la Justice qui promet à son tour « d’agir au moment opportun ».

Laurent Essolomwa
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