Interview. Pascal Moumba :« Ma passion pour la lecture des romans s’est transformée en passion pour l’écriture des romans »

Jeudi, Février 24, 2022 - 18:31

Le jeune écrivain du Congo-Brazzaville, Pascal Ulgach Moumba, vient de publier son deuxième roman, « Les blessures incurables de mon passé », aux éditions Muse, en Russie. Dans l’entretien que Les Dépêches du Bassin du Congo ont eu avec lui, il parle du contenu de ce nouvel ouvrage.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Vous venez de publier votre deuxième livre, avez-vous le sentiment d’un devoir accompli ?

Pascal Ulgach Moumba (P.U.M.) : Le sentiment d’un devoir accompli ? Je ne pense pas. Il est question d’une passion et non d’un devoir. Il est vrai que n’importe qui peut oser produire une œuvre littéraire, mais, tout le monde ne peut pas être passionné de la littérature. Notre société, avec la mondialisation et surtout l’influence du modernisme, semble écarter les valeurs essentielles de la vie humaine qui obligent, d’une manière ou d’une autre, à consentir quelques sacrifices, à interpeller face aux divers maux qui s’enfargent dans des mutations contradictoires et inattendues. Dans ce sens, naît donc le sentiment de faire quelque chose qui, au fil des temps, pourrait devenir une passion. Et, la passion c’est comme un don qui est en nous, à nous de le découvrir, de le fructifier et de le transformer en quelque chose de noble pour un intérêt commun. Ce don ne disparaît qu’à notre mort.  Je suis donc passionné de la littérature, et cette passion m’a donné, avec le temps, la possibilité de produire et de continuer à produire des œuvres littéraires qui plaident pour un retour aux valeurs humaines essentielles, celles du respect de la personne humaine, de son intégrité physique, morale et spirituelle, et surtout, de la resocialisation de l’homme qui a perdu les bases fondamentales de la vie. Je continue à me laisser guider par le bateau de cette passion qui m’anime.

L.D.B.C. : Quel est le sens du titre de votre roman et de quoi parle-t-il ?

P.U.M. : Le roman s’intitule « Les blessures incurables de mon passé ». Ce titre a un sens très ambigu. On a l’impression qu’il s’agit d’une biographie de l’auteur, malheureusement, non. Il faudrait parcourir l’ensemble du livre pour le comprendre. Je laisse donc la possibilité aux lecteurs de prendre connaissance du récit. Dans son ensemble, le roman traite des questions liées à l’abus sexuel, la gabegie, l’infidélité conjugale, l’alcoolisme, la délinquance sénile et juvénile et la maltraitance des veuves.

L.D.B.C. : D’où puisez-vous l’inspiration de vos ouvrages ?

P.U.M. : J’avoue que lors de ma toute première publication, « Scandale dans mon pays », j’ai été frappé par la lecture d’un roman écrit par Ludovic Julien Kodia, intitulé « Mes larmes coulent en silence », dans lequel le narrateur, à la chute de son récit, finit par tuer Dorisca, une jeune nonne, qui à mon avis fut innocente, nonobstant l’irréparable qui s’était produit entre elle et l’abbé Briano (personnage principal). J’ai été donc déçu par cette attitude du narrateur qui semble injuste à mes yeux. Aussitôt, j’ai donc eu ce sentiment d’écrire une histoire similaire en guise de réponse à Ludovic Julien Kodia. Malheureusement, je n’ai pas réussi à cet effet. J’ai poursuivi cependant la rédaction de mon ouvrage. A chaque étape, j’avais toujours ce sentiment de répondre à Ludovic Julien Kodia, ou de le rencontrer un jour afin de discuter. Pour éteindre ce désir de lui répondre, il me fallait tuer le personnage principal de mon récit (l’abbé Emile) bien qu’innocent, et sa mère y compris. Dès lors, je me suis approprié ce style de Ludovic pour l’ensemble de mes textes. Aujourd’hui, pour avoir lu et réélu « Mes larmes coulent en silence », je trouve que Ludovic Julien Kodia, l’une de mes sources d’inspiration, a eu raison de donner la mort à Dorisca, devant cette douleur insupportable qu’elle endurait. Ludovic Julien Kodia n’a pas écrit en vain, car il a laissé un legs littéraire dont je me trouve être l’humble héritier.

L.D.B.C. : Qu’est-ce qui explique cette prédilection pour le genre romanesque ?

P.U.M. : Le roman est le mieux adapté pour une lecture, lors d’un long voyage, en bateau, en voiture ou par avion. On exprime mieux ses idées dans le roman qu’ailleurs. C’est un genre pour lequel j’ai beaucoup de passion. Il me permet de mieux m’exprimer, de dire et de faire dire à travers les personnages principaux ou secondaires, de dévoiler ce qui est voilé par notre espace de vie. On pourrait ainsi dire, avec Louis-Philippe de Ségur, que « lorsqu’on ouvre le cœur humain à une passion, les autres y pénètrent ». Ma passion pour la lecture des romans s’est transformée en passion pour l’écriture des romans. 

Propos recueillis par Aubin Banzouzi
Légendes et crédits photo : 
Photo: Pascal Ulgach Moumba
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