Tollé sur la toile : la reprise officielle des spectacles au Congo s’éternise

Vendredi, Février 25, 2022 - 13:40

Des spectacles qui se tiennent dans des espaces culturels privés, et dernièrement d’un humoriste ivoirien au Palais des congrès, ont suscité une vague d’indignation de la part de certains artistes congolais qui, officiellement privés de spectacles depuis le début de la pandémie de covid-19 en mars 2020, s’interrogent sur le sort de ce secteur.

Le week-end dernier sur les réseaux sociaux, des langues se sont considérablement déliées concernant la reprise des spectacles dans des endroits publics. « Deux poids, deux mesures ? Normalement, si nos amis d’ailleurs peuvent venir prester ici, nous le pouvons aussi. On en a envie, donc les spectacles doivent reprendre ! », s’est insurgé un Congolais sur Facebook.

Cinéastes, musiciens, slameurs, écrivains, chroniqueurs et opérateurs culturels, tous se sont invités à ce débat sur la toile pour discuter si oui ou non les artistes peuvent tenir des spectacles. Cette suspicion plane d’autant plus que le gouvernement, jusqu’à ce jour, ne leur a encore donné aucune suite claire, disant pour le mieux favorable. En effet, jusqu’à la dernière réunion de la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus qui s’était tenue le 20 janvier, le sort des artistes n’était point connu. A savoir donc que la tenue des spectacles et la fréquentation des lieux de danse sont officiellement toujours interdits au Congo.

Toutefois, on assiste à une souplesse du côté des espaces culturels privés qui organisent, depuis plus d’une année, quelques activités ici et là comme des conférences-débats, vernissages et expositions, spectacles de chants et danses, spectacles d’humour, projections cinématographiques, etc. Est-ce à dire que les spectacles sont permis ? S’interrogent certains artistes. Ou plutôt les spectacles peuvent avoir lieu en salle, dans le respect des mesures barrières, et non en plein air ? Se questionnent d’autres qui ont du mal à suivre le rythme.

Si aux premières heures de la pandémie les artistes se trouvaient parmi les personnes fortement affectées, il est malheureusement dommage de dire que le scénario continue de se déployer. Avec la fermeture des salles et l’interdiction des spectacles, il leur est quasi impossible de vivre de leur art. « Partout dans le monde, tout reprend petit à petit. Au Congo rien. Les artistes sont obligés de trouver d’autres moyens pour survivre. Bizarrement, le 18 février, Brazzaville reçoit des artistes étrangers. On remarque la présence de plusieurs autorités de la place », a constaté Berdy Pambou, journaliste congolais.

Aujourd’hui pour les artistes, si l’Etat juge bon l’interdiction des spectacles, il devrait tout de même penser à compenser le poids de cette mesure en vue de soulager tant soit peu leur calvaire. En effet, derrière leur plaidoirie sur les réseaux sociaux, il se dégage surtout l’envie non pas de s’attarder sur l’impact de la pandémie sur le secteur culturel, mais plutôt le souci de penser aux moyens de relance et de développement de cette industrie, longtemps vantée mais souvent oubliée.

« S’il y a possibilité, battez-vous pour trouver des prestations hors du Congo. Ou constituez-vous en collectif pour plaider votre cause auprès du gouvernement. Cette prestation des artistes venus d’ailleurs devrait vous interpeller sur la place de l'artiste congolais au Congo », a posté Sisa Bidimbu, responsable de la plateforme culturelle La Congolaise, à l’endroit des artistes.

Merveille Jessica Atipo
Légendes et crédits photo : 
Une salle de spectacle vide/DR
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