La nuit du 24 février, le chanteur hip hop a livré un concert à Paris, au Grand Studio 104 de la Maison de la radio et des musiques, dans le cadre du Mongongo World Tour, sa tournée internationale lancée avec succès à Goma, au Festival Amani. Ce premier show international donne le ton des prochains prévus à la suite de son sacre au Prix Découvertes RFI 2021 qui lui sera remis à l'occasion ainsi qu'à son prédécesseur du Congo-Brazzaville, Wayé. D’où sa diffusion sur Facebook live et sur toutes les pages du réseau RFI, a-t-il indiqué au Courrier de Kinshasa, évoquant les contours de cette expérience à quelques jours de l’entamer.
Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Quel était votre état d’esprit en participant au Prix RFI Découvertes ?
Alesh : En tant qu’artiste chanteur, qui a déjà fait son petit nom ici au Congo, j’étais face à plusieurs enjeux. Avant de postuler, je me suis même demandé si cela pouvait marcher, vu que nous sommes très dépendants de la crédibilité street. Malheureusement, la « street kinoise, congolaise » n’admet pas que dans un concours il n’y ait qu’un seul gagnant. Il y a aussi cette manière dont, nous Congolais, nous nous comportons par moment sur les réseaux sociaux lorsqu’il faut apporter un soutien à nos artistes, aux figures publiques qui sont en compétition pour l’un ou l’autre prix et qui ne rentrent pas forcément avec. Et donc, face à cette réalité, je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur mon sort : « Et si cela ne marche pas ? ». Comment les gens vont-ils réagir ? Certains allaient râler sur la toile, cela ouvrirait une brèche pour les détracteurs car il y en a toujours quoi que l’on fasse. Il y avait donc aussi ce goût du risque face au Prix RFI que je convoitais, dont je rêvais depuis très longtemps. La première fois que j’avais postulé, c’était en 2010, avec mon premier album, il y a onze ans. Pour cette seconde fois, je me suis dit qu’après tout, il fallait que je poursuive ce rêve plutôt que de me préoccuper de ce que l’on dirait au cas où les choses ne marcheraient pas comme je le prévoyais, l’espérais. C’était donc surtout au niveau de la crédibilité street que reposait une petite inquiétude.
L.C.K. : Dix ans après la première tentative, les enjeux étaient différents, vous avez mûri entre-temps et cela valait le coup d’essayer. Dieu merci, c’est la bonne. Pourquoi fallait-il y revenir ?
Alesh : Il y a dix ans, ce qui attirait le plus, c’était l’enveloppe derrière ce prix qui devrait permettre de réaliser l’une ou l’autre chose, d’avancer sérieusement dans les projets, etc. Aujourd’hui, c’est vrai que la cagnotte va servir à financer certains de mes projets artistiques mais c’est beaucoup plus relativisé. Par contre, la tournée, elle, occupe une place de choix aujourd’hui. Je sais un tout petit peu à quoi ressemblent les concerts, les scènes internationales, j’ai fait quelques tournées. Par le passé, j’ai commis des erreurs en tournant que je pense ne plus faire. Cette fois au moins, je vais faire en sorte d’entretenir les réseaux. Car, l’une des erreurs que j’ai commise par le passé c’est de n’avoir pas capitalisé là-dessus. J’ai rencontré énormément de monde mais j’ai coupé les ponts avec certaines gens, non pas parce qu’il y avait eu des soucis mais juste parce que je n’ai pas su entretenir les contacts ou continuer à les tenir au parfum à chaque fois que je sortais de nouveaux projets. Aujourd’hui, je les regarde de loin alors qu’ils auraient pu m’aider, me dis-je. Je crois avoir à nouveau cette opportunité de me rattraper. Du reste, je crois que ce concours pourrait bien être le dernier auquel je participe à part peut-être le BET Awards ou un autre de ce calibre parce qu’il faut également laisser la place aux plus jeunes, les promouvoir. Je mettrai à profit le réseau à portée lors de cette tournée. Ce, non seulement pour moi, mais aussi des jeunes frères et sœurs pour qui je pourrai me constituer en mentor.
L.C.K. : La tournée démarre en France mais peut-on espérer qu’elle ne va pas s’arrêter à l’espace francophone, quoiqu’Alesh chante à présent plus en français et s’est attaché au lingala qu’il a adopté, le monde anglophone est-il compris ?
Alesh : La tournée ne va pas forcément se faire uniquement et exclusivement en territoire francophone. J’ai une marge de manœuvre, nous avons eu cette discussion avec mon manager. Je crois qu’elle va intégrer certains pays anglophones qui me tiennent à cœur à l’instar de l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Nigeria et le Ghana. Ce sont des pays où j’aimerais aller jouer. Je crois qu’il y a des Instituts français dans ces pays-là également. J’ai toujours voulu étendre mon réseau, surtout que j’ai une facilité à le faire à travers d’autres projets que j’entreprends au-delà de la musique dans un milieu anglophone. Du reste, je parle anglais et je sais communiquer. Je crois que ce sera une bonne mixture de zones tant francophones qu’anglophones. Et, même en termes de collaboration, le Kenya, par exemple, où j’ai beaucoup d’amis et où j’ai tourné avec beaucoup d’artistes kényans aux États-Unis, en Angleterre et dans d’autres pays, m’offre des opportunités. Je suis très intéressé par ces nations.