Prison centrale de Makala : l’évacuation des détenus malades aux frais de leurs familles

Jeudi, Mars 3, 2022 - 17:09

Pour la Fondation Bill Clinton pour la paix, la méthode qui date des régimes précédant celui de Félix Tshisekedi est inadmissible et doit être éradiquée en vue de laisser l’Etat congolais prendre en charge des personnes qu’il prive de liberté pour une raison ou une autre.

 

La Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) s’est réjouie que l’arrêté de la ministre de la Justice et Garde des sceaux, Rose Kiese Mutombo, lié à l’ordonnance de la grâce présidentielle du 31 décembre 202, soit arrivé, depuis près d’une semaine, dans les prisons civiles. L’ONG note que les agents des services pénitentiaires sont en train de travailler sur les différents dossiers en rapport avec cette décision. « C’est pour nous une très bonne chose à encourager », a souligné cette ONG dans un communiqué signé le 3 mars par son président, Emmanuel Adu Cole.

Elle note, par ailleurs, que lors de la visite effectuée le 2 mars par son équipe à la prison centrale de Makala, celle-ci a été informée de la réhabilitation par la ministre chargée de la Justice de l’ancien directeur de cette institution carcérale, le colonel Flory Kadima, suspendu de ses fonctions à cause de la libération inattendue de l’ancien ministre, Willy Bakonga. L’ONG a précisé que le directeur réhabilité devrait reprendre son travail le 3 mars. Et de se demander si le colonel Flory Kadima avait été suspendu injustement.

Pas de budget pour le transfert des détenus malades

La FBCP souligne un autre cas très préoccupant, notamment l’hospitalisation des prisonniers malades. A l’en croire, l’évacuation des détenus malades de la prison à l’hôpital continue à être considérée comme une affaire taboue. « Nous avons trouvé huit cas des détenus malades qui nécessitent le transfert du centré de santé de la prison centrale de Makala pour des soins », a informé la FBCP. Et de regretter que le directeur par intérim de la prison a exigé à deux médecins qui l’ont abordé pour solliciter le transfert de certains malades vers le sanatorium de Makala des frais pour ce faire. « Le directeur leur a répondu que la prison ne dispose pas de budget pour cela. Et d’ajouter que la fois dernière, il avait utilisé son propre argent pour assurer le dit transfert », a souligné cette ONG de défense des droits de l’homme. Elle a indiqué que le directeur par intérim de la prison a demandé aux deux requérants de contacter les familles de ces détenus malades en vue d’assurer les frais des examens et de leur hospitalisation dans cette institution sanitaire. « Comment est-ce que l’État congolais prive la liberté à une personne et demande à sa famille de la prendre en charge ? », s’est interrogée cette organisation.

Relevant que cette méthode de prise en charge des personnes incarcérées par leurs familles date de l’époque des régimes politiques passés, la FBCP estime, par ailleurs, que cela est inadmissible. C’est dans cette optique également qu’elle continue à plaider pour le désengorgement des prisons ainsi que la suppression de cette ancienne méthode qui consiste en la prise en charge des prisonniers et détenus préventifs par leurs familles.

Lucien Dianzenza
Légendes et crédits photo : 
L'entrée principale de la prison centrale de Makala /DR
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