Afin de connaître l'état d'esprit du Parti lumumbiste unifié (Palu), Le Courrier de Kinshasa s'est approché de son secrétaire permanent et porte-parole, Célestin Ngoma. Les échanges ont porté sur l'avenir de ce parti avant-gardiste et ses ambitions en perspective des élections de 2023.
Le Courier de Kinshasa (L.C.K) : Après moult passages serrés et la double perte du patriarche Antoine Gizenga et de son successeur et fils Lugi Gizenga, quel est l’état d’esprit actuel du Palu ?
Célestin Ngoma (C.Ng) : L’opinion doit tout simplement retenir que le Palu va bien. Il est né sur la base d’un idéal, celui de la sauvegarde de l’unité du pays et de notre souveraineté. Ce combat est encore aujourd’hui d’actualité, ce qui oblige toujours le Palu d’être vigilant et de répondre de façon active aux vœux du peuple. Nous voulons rassurer le peuple congolais que nous allons continuer à entretenir son patrimoine national, et en tant que nouvelle génération politique, nous comprenons déjà mieux les défis qui sont les nôtres. Grâce à l’expérience du Palu, nous sommes futés à mieux répondre à toutes les éventuelles questions que notre temps nous charge. Et donc le Palu doit demeurer un et unique. Tous ceux qui se reconnaissent des Lumumbistes, leur place est bien ici afin que le combat soit bien mené.
L.D.K : Qu’en est-il de son avenir ?
C. NG : L'avenir du Palu est radieux car sa position est restée celle de la population congolaise, c'est-à-dire préserver les acquis de la souveraineté et de l'indépendance politique, la mise en place d'une politique générale visant la construction efficace de l’Etat congolais sur une base humaine, économique et sociale compatible avec nos aspirations citoyennes et à nos potentialités.
LDK : L’éclatement du Palu en trois ailes différentes après la mort du patriarche Antoine Gizenga n’est-il pas de nature à gêner son envol et ses ambitions politiques ?
C.NG : Premièrement, je tiens à préciser que le Palu, comme formation politique enregistrée au ministère de l'Intérieur, est unique et n'a pas d'embranchement ou des ailes. Et comme organisation politique, le Palu fonde son mode de gestion sur la démocratie - notre premier combat depuis le premier coup d’Etat - ce qui suppose qu'au Palu, il n'existe pas une volonté hégémonique. C'est donc normal qu' il y ait des contradictions en son sein dont l'expression irréfragable est la dissidence qui en tout état de cause n'est qu'une controverse historique et dont le champ d'impact est tout à fait limité.
A tenir compte du paysage politique actuel de notre pays, le Palu, dans sa casquette de parti historique avant-gardiste, le plus ancien, a enregistré au cours de son histoire plusieurs défections et les mouvements en son sein sont permanents dans les deux sens, c'est-à-dire autant il y a des sorties, autant les nouvelles adhésions jouent la compensation.
LDK : Rassurez les lecteurs…
C. NG : Le Palu compte actuellement plusieurs cellules (unités administratives structurelles et fonctionnelles du parti) au sein desquelles le nombre de nos militants est déterminé car selon nos textes, une cellule pour être opérationnelle doit réunir au moins cinquante militants. Or, à ce jour, nous en disposons pas moins que hier d'autant plus que du jour au jour des nouvelles cellules renflouent l'espace foncier du parti et ce, sur toute l'étendue de la République. Bref, la force du Palu est tout à fait constante au regard de cette donne. Ce qui veut dire que son envol est plus que décisif.
L.C.K. : Votre formation politique ira certainement aux élections en ordre dispersé si l’on considère les dissensions enregistrées. Doit-on s’attendre à une amélioration du résultat de 2018 ou à une nouvelle débâcle ?
C. NG. : Le Palu, comme grande force politique du pays, ira bel et bien aux élections avec ambition de maintenir son leadership institutionnel. Je ne sais pas à quel ordre dispersé vous faites allusion. Car il n'y a qu'un seul Palu, du reste, dirigé par Godefroid Mayobo. Celui-ci n'a pas d'assimilés et tous ses potentialités politiques sont au comble.
L.C.K. : Quels sont les atouts dont dispose le Palu actuellement pour concourir avec les autres formations politiques aux élections de 2023 ?
C. NG. : Nous disposons de plusieurs atouts pour reconquérir notre électorat, notamment une base idéologique et représentative ; un leadership socio-politique ; une posture de parti aîné, mieux représenté dans toutes les provinces et au sein de toutes les couches sociales, un ancrage societal, un bilan de gestion et une offre politique.
L.C.K. : Des indicateurs politiques, économiques et même opérationnels ne rassurent pas sur la tenue des élections en 2023. Qu’en pensez-vous ?
C. NG. : Le seul indicateur pouvant rassurer la tenue des élections est la constitution de l'organe électoral qui est la Commission électorale nationale indépendante, chose faite. Aussi, devant le représentant du secrétaire général des Nations unies, les représentants des partis de l’Union sacrée ont-ils affirmé cette volonté d’organiser les élections dans le délai constitutionnel. Par ailleurs, la session parlementaire qui va s’ouvrir prochainement devra se pencher sur la loi électorale afin de baliser le chemin des élections. Nous pensons donc qu’aujourd’hui en République démocratique du Congo, l’organisation des élections doit être perçue comme un atout pour l’enracinement de notre démocratie.