Burkina Faso: de nombreux défis à relever pour le nouveau gouvernement

Lundi, Mars 7, 2022 - 11:24

Le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, chef de la junte militaire, président du Burkina Faso, a officialisé, le 6 mars, un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Albert Ouédraogo, et composé de vingt-cinq ministres dont six femmes et des leaders syndicaux.

Le Burkina Faso illustre une volonté de fédérer la société civile autour de l’Etat pour relever les défis sécuritaires et sociétaux qui l'attendent. Durant son mandat, le Premier ministre, Albert Ouédraogo, ancien professeur de comptabilité à l’université de Ouagadougou, va devoir faire appel à toute son expertise en management pour redresser la barre en matière de gestion administrative, tandis que la junte au pouvoir se concentre sur la menace jihadiste.

Le poste clé de la défense est conservé par le général Barthélémy Simporé, désormais ministre d’Etat, tandis que celui des Affaires étrangères échoit à Olivia Rouamba, ex-cadre de ce ministère et ambassadrice du Burkina Faso en Ethiopie.

Si Albert Ouédraogo est relativement inconnu sur la scène politique, il est décrit comme disposant d’une « solide expérience dans le domaine du management des administrations publiques, des projets de développement ainsi que des entreprises privées ». C’est un spécialiste du consulting et de l’audit, dont les compétences seront mises à contribution pour piloter les plans d’amélioration et de développement du pays.

Le président Damiba va, quant à lui, probablement se concentrer sur la lutte contre le terrorisme qui frappe le nord du pays. Ces derniers mois, de nombreuses attaques contre la population et les forces armées ont été enregistrées, causant plus d’une centaine de morts.

Les partis réagissent à la nouvelle équipe gouvernementale

Après la nomination des membres du gouvernement de la transition, les politiques s’accordent que la place est faite aux technocrates. Mais « c’est au pied du mur qu’on les jugera ». Dans une équipe où femmes et hommes d’expérience côtoient des novices, les Burkinabè s’impatientent de les voir en action, surtout pour la reconquête des localités assiégées par les groupes armés.

Pour Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès, c’est un gouvernement de technocrates et de spécialistes qui va dans le sens des objectifs visés par l’agenda de la Transition. 

« Le général Barthélémy Simporé est de retour ; nous avons un nouveau ministre Omer Bationo, qui est également un spécialiste de la sécurité et des renseignements. Nous pensons que sur ces deux points, s'ils sont appuyés par nos partenaires, ils atteindront les résultats. Nous les attendons au pied du mur. S'ils vont dans le sens des attentes du peuple, nous les soutiendrons et si c'est le contraire, nous aviserons », a-t-il déclaré.

Sans remettre en cause les compétences intrinsèques de chaque membre du gouvernement, Me Benewendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la renaissance, mouvement patriotique sankariste, soutient que c’est le pari de la reconquête des localités sous contrôle des groupes armés et le retour des personnes déplacées qui donnera du crédit à cette nouvelle équipe.

« C'est plutôt un gouvernement de technocrates pour la plupart. Les Burkinabè veulent la paix, la sécurité, le développement. Mais la gestion du pouvoir d'État pour atteindre ces objectifs, cela relève d'une autre équation », a-t-il indiqué.

Me Benewendé Sankara espère que chaque membre du gouvernement aura de « l’ingéniosité et l’humilité » de répondre au coup par coup aux nombreuses attentes des Burkinabè.

Yvette Reine Nzaba
Notification: 
Non