Nord-Kivu : la ville de Goma marquée par trois événements majeurs

Mardi, Mars 8, 2022 - 11:12

Les dernières éruptions volcaniques de 1977, 2002 et 2021 ont profondément marqué le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Toutefois, par son caractère soudain, l’éruption du Nyiragongo de 2021 a eu le plus large écho au niveau international. Elle a mis en évidence les difficultés de la prévision et même de la gestion d’un tel événement. A l’approche du premier anniversaire du drame qui a secoué la ville de Goma, Le Courrier de Kinshasa s’interroge sur le sort des différentes résolutions prises par les autorités du pays.

Goma reste l’une des villes les plus touristiques de la République démocratique du Congo (RDC). Pourtant, elle n’est pas épargnée par des tensions politico-militaires et d’un terrible phénomène géologique : les volcans. Il y a le Nyiragongo et le Nyamulagira, deux volcans qui appartiennent à la chaîne des Virunga. Actuellement, ils sont classés parmi les volcans les plus actifs au monde et constituent une menace pour les autochtones qui ne disposent pas de suffisamment d’informations quant au moment de l’éruption. Le plus actif est sans aucun doute le Nyiragongo. Du haut de ses 3 470 m, il surplombe les villes de Goma, dans l’est de la RDC, et de Gisenyi, au Rwanda voisin.

Trois éruptions en 45 ans

Depuis les années 1970, le Nyiragongo est entré en éruption à trois reprises. En 1977, les coulées de lave ont fait de nombreuses victimes. Elles se sont arrêtées à près de 500 m de l’aéroport de Goma, occasionnant la destruction des villages et des champs de culture. Vingt-cinq années plus tard, en 2002, la ville est de nouveau aux prises aux laves du volcan. Les coulées ont traversé Goma et détruit 10 % de la ville. A cette époque, il faut signaler la décision des autorités d’améliorer la surveillance des deux volcans à travers l’érection d’un centre autonome de recherche. Enfin, il y a 2021, dix-neuf ans plus tard. En l’absence de signaux précurseurs, il y a eu une nouvelle éruption volcanique le 22 mai. Son caractère soudain a suscité de nombreuses interrogations sur la capacité réelle du pays à surveiller le volcan, prendre des mesures de précaution et mettre en œuvre les procédures d’alerte et de communication.

Comme le notent les experts, les éruptions volcaniques sont souvent précédées par des jours, des semaines, des mois, voire des années d’activité préalable qui reflètent le mouvement ou la pression du magma. Ces signes sont, par exemple, les tremblements de terre détectables par les seuls sismographes, la déformation de la surface du sol, les émissions de gaz et autres anomalies thermiques. Tous ces phénomènes ne sont détectables qu’à l’aide d’équipements adaptés (arpentage, GPS ou imagerie par satellite) qui ont par le passé fait défaut au pays. La collecte et l’analyse des données se font avant, pendant et après l’éruption. La capacité de surveiller reste une étape cruciale pour réduire les risques de catastrophes volcaniques.

Des avancées dans la surveillance

En RDC, il y a eu après 2002 un effort d’amélioration de la surveillance pour pallier les risques liés à leurs éruptions. La station de géophysique de Goma du centre de recherche en science naturelles de Lwiro a été élevé au rang de centre autonome de recherche dénommé Observatoire volcanologique de Goma par arrêté ministériel du 13 avril 2009. Sa mission est d’arriver à mieux comprendre et à surveiller scientifiquement les volcans actifs des Virunga et du Lac Kivu. La finalité est d’arriver à alerter l’autorité politico-administrative d’une éventuelle éruption. Il s’agit d’une surveillance qui s’appuie sur des observations régulières et sur un réseau instrumental réparti sur différents sites, en collaboration avec plusieurs partenaires étrangers. La question est d’autant plus stratégique que l’on ne dispose pas d’éléments sur l’impact environnemental de ces éruptions, notamment le risque de pollution des eaux profondes du Lac Kivu. Dans le cadre des efforts d’amélioration de la surveillance, il a été convenu justement de l’organisation d’une conférence internationale sur la surveillance et la gestion des risques volcaniques dans la région des Virunga dont la première édition devrait avoir lieu cette année. Ce sera une occasion de faire le point sur le sort des différentes résolutions.

Laurent Essolomwa
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