Allemagne : l’immigration, une chance pour le pays

Mardi, Mars 8, 2022 - 11:22

Depuis 2015, le regard des Allemands a évolué favorablement pour l’immigration. Une étude de la fondation Bertelsmann note une baisse de scepticisme à l'égard de l'immigration.

Christian Osterhaus de Don Bosco Mondo défend la culture de l'accueil. « Nous n’excluons plus les gens », a-t-il déclaré. Lui et son association se sont occupés de réfugiés en 2015. « Nous voulions offrir à ces personnes un nouveau foyer », se souvient-il.  Dans son étude intitulée « Willkommensultur », le regard des Allemands a été à l’égard de l’immigration. Les Allemands se montrent de plus en plus favorables à l’immigration qu’il y a encore quelques années. « Notre enquête montre que si le scepticisme à l'égard de l'immigration est toujours très répandu en Allemagne, celui-ci a baissé de façon continue ces dernières années », explique Ulrike Wieland, co-auteur de l'étude. « Un plus grand nombre de personnes perçoit désormais les avantages de l'immigration, notamment pour l'économie. Concernant l'intégration, nous constatons que les personnes interrogées sont plus nombreuses que les années précédentes à considérer l'inégalité des chances et la discrimination comme des obstacles importants à l'intégration », a-t-il ajouté.

Aujourd’hui, de nombreux Allemands voient l'immigration comme l’une des solutions face aux problèmes démographiques et économiques du pays. Ainsi, deux tiers des personnes interrogées pensent que l'immigration peut contribuer à équilibrer une société vieillissante. Plus de la moitié considère que l’arrivée de migrants pourrait compenser la pénurie actuelle de travailleurs qualifiés. De la même manière, une personne sur deux estime que l’immigration financera le système de retraites.

Un cinquième de la population voit les réfugiés d’un mauvais œil 

Toutefois, près de 70 % affirment aussi que les réfugiés représentent une charge supplémentaire pour l'Etat-providence et craignent aussi l'apparition de conflits entre étrangers et personnes nées et élevées en Allemagne. Beaucoup s'interrogent également sur l’intégration des élèves immigrés. Enfin, une importante différence de perception existe entre les travailleurs immigrés qualifiés, acceptés par plus de 70 % de la population, et les demandeurs d’asile et réfugiés, qui bénéficient de moins de 60 % d’opinions favorables. Plus d'un tiers des personnes interrogées (36 %) estiment que le pays ne peut accueillir davantage de réfugiés. En 2017, ce chiffre s'élevait toutefois à 54 %. Enfin, une personne sur cinq voit les réfugiés comme des « invités temporaires » qui n'ont pas besoin d'être intégrés dans la société.

Faire travailler ensemble les politiques et les sociétés civiles

Les personnes issues de l’immigration restent sous-représentées dans la vie politique allemande et n'accèdent pas aux postes de direction dans les entreprises et dans les médias. La nouvelle coalition composée des sociaux-démocrates du SPD, des Verts et des libéraux du FDP, a promis de nouveaux efforts en matière d’intégration. Le gouvernement envisage de permettre aux demandeurs d'asile déboutés de pouvoir rester en Allemagne de manière permanente dès lors qu’ils ont la maîtrise de la langue allemande et trouvé un emploi. Le regroupement familial pourrait également être étendu à tous les réfugiés et l’accès à la nationalité allemande plus facile. La chercheuse Ulrike Wieland pense que ces annonces vont dans le bon sens. Mais elle invite  « l’Allemagne à  développer une image positive d’elle-même en tant que pays d’immigration. Pour y parvenir, les politiques et la société civile doivent travailler ensemble. Ils doivent activement construire une société diversifiée ». Mais l'arrivée de migrants en Allemagne a été accompagnée de la montée en puissance du parti d’extrême droite et anti-immigration AfD.

Noël Ndong
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