La coordination congolaise, le collectif d’associations afro-belges, et le groupe d'étudiants congolais ayant échappé aux bombardements de Sumy en Ukraine ont organisé une conférence de presse, le 15 mars, au Press Club Bruxelles.
Près de cinquante étudiants congolais fuyant la guerre en Ukraine sont arrivés en Belgique, où ils espèrent poursuivre leurs études, en dépit d'être confrontés à plusieurs difficultés et ne bénéficiant d’aucune mesure prise en leur faveur par les autorités belges. Au cours de la conférence de presse qu'ils ont animée le 15 mars, certains ont partagé leur expérience, surtout la discrimination dont ils ont fait l’objet alors qu’ils voulaient quitter Sumy, une ville située à 306 km au nord-est de Kiev.
Hubertine, 21 ans, étudiante congolaise en droit international et qui habitait à Kiev, a déclaré : « Le fait de quitter l’Ukraine m’a toujours fait peur et le fait d’en parler n’est pas très facile. On a juste vu que nous avons été traités différemment. J’étais avec mes sœurs et l’une d’entre elles était malade. Dormir dehors alors qu’il fait moins de 10 degrés n’a pas été facile pour elle. Même lorsque l’on est arrivé à la frontière avec la Pologne et que l’on a expliqué qu’elle était malade, on nous a répondu " Ce ne sont pas nos affaires", comme si ma sœur n’était pas un être humain. Cela change notre vision du monde. On nous a appris qu’il faut traiter tout le monde de la même manière. Cela choque et fait mal ».
L’objectif de tous ces étudiants est de pouvoir bénéficier d’un statut de réfugié, de poursuivre leurs études et de les terminer, avant de regagner leurs pays d’origine. « Ce dont nous avons envie est de nous scolariser d’abord. Et cela ne sera possible que si nous bénéficions d’un titre de séjour dans ce pays », a déclaré l’un des étudiants. « Nous voulons poursuivre et terminer nos études. Nous espérons que la Belgique nous acceptera afin de terminer nos études. La plupart des personnes qui se rendent au service d’immigration ont constaté que seuls les Ukrainiens son privilégiés, alors que nous venons tous d’Ukraine. Nous souhaiterions bénéficier des mêmes droits car nous avons tous vécu la guerre », a déclaré l’étudiante congolaise Ruth. Elle a fait savoir que les étudiants congolais sont arrivés en Belgique comme des réfugiés, mais ne bénéficient pas encore de ce statut.
Des refus d’admission à des universités
Par rapport à leur arrivée en Belgique, la coordination congolaise a posé la question de la différence de traitement des Afrodescendants de la diaspora en période de conflits armés mais aussi des mesures à mettre en place pour la poursuite de leurs études en terre d’accueil. Selon Dido Lakama, l’un des responsables de Change Asbl et de la coordination congolaise, certains étudiants congolais, venus d’Ukraine, qui ont adressé des demandes d’admission à des universités belges, notamment à l’université libre de Bruxelles, ont essuyé des refus de la part de ces universités.
La coordination congolaise avait lancé, le 4 mars, un appel à dons pour permettre l’exfiltration de douze étudiants. Les membres de cette coordination, explique-t-on, préparent actuellement l’arrivée d'autres étudiants et travaillent à ce que leurs droits soient respectés, conformément à l’article 14 de la Déclaration des droits de l’Homme, à la Convention de Genève et au Protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés.