Russie-Ukraine : le jeu d’équilibriste de Macky Sall

Mercredi, Mars 16, 2022 - 18:04

Dans un article publié mardi, Jeune Afrique livre une réflexion sur la position de Macky Sall dans le conflit qui oppose Kiev et Moscou.

 

Au cours d’un échange avec Vladimir Poutine le 9 mars, le chef de l’Etat sénégalais, président en exercice de l’Union africaine (UA) a sollicité un cessez-le-feu durable en Ukraine. Deux semaines plus tôt, l'UA, dans un communiqué, avait appelé la Russie au respect du droit international, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l'Ukraine. Elle avait exhorté la Russie et l'Ukraine à l'ouverture de négociations sous l'égide de l'ONU.

En tant que patron de l’UA, Macky Sall porte la voix de l’Afrique qui est divisée sur le sujet. Cependant, le Sénégal, le 2 mars, s’est s'abstenu lors du vote de l'Assemblée générale de l'ONU en faveur d'une résolution qui exigeait que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine. Sur les 193 membres que compte l'organisation, 141 pays avaient approuvé le texte, cinq s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine et le Congo. Près de la moitié des pays africains s’étant abstenus ou n'ayant pas pris part au vote.

Tout en exprimant sa grave préoccupation face à la situation en Ukraine, le Sénégal a donc réaffirmé son adhésion aux principes du non-alignement et du règlement pacifique des différends.

Pour le patron de l’UA, il y a un enjeu symbolique et diplomatique dans la volonté de peser dans un conflit qui concentre les attentions mondiales et polarise le jeu international, souligne Jeune Afrique mais il y a aussi une nécessité économique et sociale car l’Afrique n’échappera pas aux conséquences économiques de la guerre.

Le prix du baril de pétrole et les cours du blé ont fortement augmenté depuis le début du conflit qui vont peser sur les prix en Afrique du Nord mais aussi dans plusieurs pays subsahariens, tandis que les prix des denrées de première nécessité ont d’ores et déjà flambé.

Le journal ajoute que dans ce dossier, Macky Sall « avance en équilibriste ». Il doit composer avec les divisions du continent sur le sujet et les 17 Etats qui se sont abstenus lors du vote de l’ONU. Selon une source diplomatique, l’abstention du Sénégal est une posture prudente. « Si vous voulez jouer au médiateur entre deux parties en conflit, vous ne pouvez pas condamner l’une au détriment de l’autre. Pour être crédible, il faut être neutre. » Il reste que cette neutralité a disparu à l’ONU, le 4 mars. Mais le Sénégal « avait considéré que cet exode massif d’Ukrainiens et d’autres ressortissants vivant en Ukraine était devenu quelque chose d’intolérable(...) C’est ce que nous appelons notre diplomatie de souveraineté, sans exclusion mais sans exclusive ».

Bénédicte de Capèle
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