Afin d'honorer les vétérans du sport congolais dans son ensemble, « Les Dépêches du Bassin du Congo » rencontrent aujourd'hui Me Bienvenue Obindi Gath, l’arbitre féminin la plus gradée en karaté dans le pays. Admiratrice de l'arbitre sénégalaise Ndoumbé Fall, Me Bienvenue officie les compétitions nationales et sous-régionales sans complexe ni complaisance.
Maîtrise de soi, rigueur et professionnalisme, telles sont, entre autres, les caractéristiques de Me Bienvenue Obindi Gath. Ceinture noire 3e dan, elle a évolué dans la catégorie des seniors dames, précisément chez les 64 kg. Férue du karaté, celle qui se définit aussi comme une femme battante, forte et déterminée, a débuté dans ce sport en 1991, à Brazzaville.
Très dynamique, elle a intégré l'équipe nationale huit ans après, notamment en 1999, lors de la première édition du challenge Denis- Sassou-N'Guesso. Après avoir gravi les échelons, elle sera élue, en 2009, comme membre de la section karaté du club multidisciplinaire Interclub.
Bousculée par le poids de l'âge, Me Bienvenue n'a pas voulu quitter définitivement le tatami. Elle se lance ainsi dans l'arbitrage où elle obtient, en 2021 au Tchad, un diplôme sous-régional comme juge B en kumité et kata.
En observant la génération actuelle, elle souhaite inspirer les Congolaises à avoir un bel parcours dans l'arbitrage. Pour ce faire, elle continue à nourrir son propre rêve, celui de devenir juge international.
Initié au sport par son père, Me Bienvenue dite "Bien bien" avait, contre toute attente, changé de discipline en optant pour le karaté à la place du judo où elle avait commencé les entraînements, comme voulu par son père.
« C'est mon père qui voulait que je fasse le sport, notamment le judo mais, étant mince à l'époque, je m'absentais souvent au profit du karaté car j'avais pris une inscription dans un club de karaté, sans l’avis de mes parents », explique cette Congolaise.
Selon elle, il est nécessaire de créer des écoles et centres publics d'encadrement afin de développer les arts martiaux au Congo et susciter les vocations. Aussi, Me Bienvenue pense que l'État devrait tout mettre en jeu pour faciliter la vulgarisation des activités sportives. « Cela nous permettra d'avoir une pépinière rassurante dans les années à venir », lance-t-elle.
Quant à l'apport des femmes dans l'émergence du sport, elle estime que ces dernières doivent se lancer de plus en plus dans la pratique ou la gestion des disciplines sportives. « Le courage et la détermination doivent animer les femmes sportives car elles ont un rôle crucial en milieu sportif », conseille-t-elle.
Actuelle cinquième membre du bureau exécutif de la Fédération congolaise de karaté et arts martiaux affinitaires, cette mère d'enfants plaide pour un suivi et une prise en charge efficace des athlètes avant, pendant et après les compétitions. « Les sportifs congolais sont de véritables robots. Leurs conditions de préparation et de vie sont médiocres mais ils font toujours de bons résultats », conclut-elle, toute souriante.