Surnommée la reine de Mutuashi, Tshala Muana s’est envolée sur les ailes de la gloire en cristallisant dans sa créativité la convergence de la musique traditionnelle de son terroir et les tendances modernes. Sa chanson « Cicatrice d’amour » résiste encore aux assauts du temps.
Parue dans l’album 33 tours produit par Tamaris et référencé TMS 91004, « Cicatrice d’amour » figure parmi les titres ayant marqué l’itinéraire musical de Tshala Muana. Elle évoque la déception d’une épouse répudiée sans un véritable motif. Cette amertume représente pour sa vie une réelle cicatrice. Généralement, le rythme utilisé par l’artiste a un tempo accéléré, mais dans cette mélopée, la chanteuse opte pour le slow. Une musique douce au tempo lent destinée au couple. Un genre qui ne lui est pas propre mais qui lui réussit, puisqu’il colle avec le thème de la chanson.
D’une voix mélancolique, Tshala Muana chante : « Tshena kupwa moyo tshibangu tsha mukwawu shi kidimbu shi mu tsha menu waka suma eh », ce qu’on peut approximativement traduire par : « Je n’oublie pas la cicatrice de la blessure issue de ta jalousie ».
Notons que Tshala Muana a exporté la culture Luba sur l’échiquier international. Plus précisément la langue et la danse « mutuashi ». S’agissant de la danse dont elle a été couronnée reine, il nous paraît nécessaire de rappeler que le « mutuashi » est en réalité une déformation, mieux un néologisme dont Tshala Muana s’est faite ambassadrice. En effet, Mondo Mumbanza affirme, dans son exposé sur « Régard rétrospectif sur la contribution des musiques traditionnelles à l’enrichissement de la musique moderne au Congo » que « le tshikuna est la danse que, par déformation, on appelle le Mutuashi ». De son côté, Claude Kangudie, en parlant de l’origine de ce mot, déclare que c’est dans la chanson de Dr Nico intitulée « Bia ntondi Kasanda » que ce vocable apparaît comme un cri : « Mutua’s, Muendela’s », ce qui a été déformé par « Mutua’shi, Muendela’shi ».
Née le 13 mai 1958 à Lubumbashi, en République démocratique du Congo, Elisabeth Tshala Muana Muidikayi débute sa carrière en 1977 comme danseuse dans le groupe « Tseke Tseke Love » de Mpongo Love. En 1978, elle intègre les « Redoutables » d’Abéti Masikini qu’elle laissera pou rejoindre le groupe « Minzoto Wela Wela » du père Buffalo. C’est en Côte d’Ivoire qu’elle va exploser comme chanteuse avec le look de la star américaine Tina Turnel. En 1988, on la voit dans « Palato », un film du réalisateur malien Mahamadou Cissé. A partir de 1997, Tshala Muana rentre dans la sphère politique. Elle se fera appeler « Mamou nationale » (la mère de la nation). L’ensemble de ses œuvres à ce jour est chiffré à vingt et un albums et quatre singles.