Le projet fait partie des faits marquants de l’évolution récente du secteur des Petites et moyennes entreprises (PME) en République démocratique du Congo. En marge de la deuxième édition de Challenge entreprise tenue du 1er au 2 avril à Kinshasa, le ministre Eustache Muhanzi en a profité pour confirmer la création d’une banque pour appuyer les PME.
Pour le secteur privé, les PME doivent rester au cœur de la stratégie de croissance inclusive du gouvernement de la République. En effet, les statistiques font état de l’existence de 600 000 PME présentes essentiellement dans les grandes villes congolaises, contre 109 grandes entreprises. D’autres enquêtes récentes parlent de millions de PME opérant principalement dans le secteur informel. Pour autant, dans le formel ou l’informel, elles constituent la principale courroie pour créer des richesses. Le 1er avril, quelques unes d’entre elles ont participé au lancement de la deuxième édition du Challenge entreprise. La cagnotte disponible pour les champions de ce challenge est fixée à 10 000 dollars américains, a-t-on appris. Cette deuxième édition intervient dans un contexte très difficile marqué par l’impact négatif de la covid-19 sur les PME.
Appuyer les PME
Conformément à ses objectifs, Challenge entreprise sert justement à valoriser l’entrepreneuriat congolais, à susciter l’émulation entre entrepreneurs et à soutenir les PME, principalement celles qui ont été affectées par la crise sanitaire. Il est considéré également comme un espace de réflexion sur les défis auxquels sont confrontées les PME dans le pays. Pour Eustache Muhanzi, les PME congolaises doivent continuer à contribuer dans la création de la classe moyenne pour favoriser l’émergence nationale. Sur le plan politique, le gouvernement de la République a bien veillé à instaurer un cadre suffisamment attractif. Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs innovations, notamment l’adoption du programme sectoriel dénommé « Programme national du développement de l’entrepreneuriat au Congo », les réformes majeures pour garantir la promotion de l’entrepreneuriat, l’adoption par le gouvernement du projet de loi sur la promotion de l’entrepreneuriat et promotion de l’artisanat, la loi sur la sous-traitance, le Fonds de garantie de l’entrepreneuriat au Congo et le projet d’appui et de développement des micro, petites et moyennes entreprises. La liste n’est pas exhaustive.
Le poids écrasant de l’informel
Il y a quelques chiffres importants de la Fédération des entreprises du Congo qui viennent conforter la nécessité d’une bonne politique nationale de prise en charge du secteur. Dans leur majorité, les PME sont fortement ancrées dans le secteur informel. On parle d’environ 8 000 PME formelles sur toute l’étendue du pays. Les dernières enquêtes 1-2-3 ont révélé que près de « 3,4 millions d’unités de production informelles opèrent dans le pays ». La fuite des ressources publiques est tout simplement énorme. Et les causes identifiées sont, entre autres, l’absence de politique nationale cohérente pour la formalisation de l’économie nationale, le désintéressement de l’État envers le secteur informel, les tracasseries administratives dans le secteur formel et le nombre élevé d’impositions à des taux parfois excessifs. Par ailleurs, les études montrent aussi que les PME sont peu spécialisées et peu enclines à transformer localement. La tâche ne sera donc pas facile pour le gouvernement de la République.