Investissement: le groupe Bolloré Africa Logistics quitte l'Afrique

Lundi, Avril 4, 2022 - 13:15

Le groupe Bolloré Africa Logistics a confirmé la vente de ses activités en Afrique à l’armateur franco-suisse, MSC, pour un montant record de 5,7 milliards d’euros. Outre une activité portuaire, le groupe exploite trois lignes ferroviaires sur le continent.

Le groupe Bolloré va quitter l’Afrique, continent à la base de sa fortune. Bolloré Africa Logistics emploie plus de 20 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros, 250 filiales, trois lignes ferroviaires et une présence dans quarante-deux ports, dont les concessions de seize terminaux à conteneurs et sept terminaux ro-ro, dédiés au trafic roulier. Il met en avant l’offre astronomique de 5,7 milliards d’euros de l’armateur MSC. Un montant transactionnel qui s’explique par un contexte économique exceptionnellement favorable depuis la pandémie de la covid-19, avec l’augmentation exponentielle des tarifs dans le transport maritime et la logistique. La vente s’est concrétisée le 31 mars. « Le groupe Bolloré a signé ce jour le contrat prévoyant la cession au Groupe MSC de 100 % de Bolloré Africa Logistics sur la base d’une valeur d’entreprise, nette des intérêts minoritaires, de 5,7 milliards d’euros », indique le groupe dans un communiqué.

Pendant plus de trente-cinq ans, le groupe Bolloré a aussi été un acteur de premier plan de la filière bois. Il est propriétaire de deux entreprises d’exploitation forestière, la Sepca en Côte d’Ivoire et la Sepbc au Cameroun. Il travaille de concert avec un hub logistique au Gabon. C’est au Cameroun que le groupe gère la majorité de cette activité. Le bois vient de trois pays du bassin du Congo (Cameroun, Centrafrique et Congo) qui abrite 90% de la forêt tropicale du continent et constitue le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie. Depuis 2016, on assiste à de fortes tensions entre le groupe et les autorités portuaires, car ces dernières veulent remplacer l’autorisation d’occupation temporaire par une convention de concession. Un tel régime permettrait au Port autonome d’imposer à la Sepbc un cahier des charges en matière d’investissements et d’augmenter le nombre et le niveau des redevances que paie l’entreprise à l’État. Une convention de concession donnerait aussi au Port autonome la possibilité d’avoir un mécanisme de suivi des activités de la Sepbc et de disposer de statistiques précises sur le volume de bois exporté depuis le terminal à bois, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Les détracteurs du groupe notent « beaucoup de flou » dans certains chiffres déclarés et une méfiance en raison des affaires de corruption dans lesquelles le nom de son patron, Vincent Bolloré, est cité et qui lui valent des poursuites dans plusieurs pays africains et en France.  Des procédures judiciaires constitueraient l’une des raisons qui auraient poussé la multinationale à vendre ses activités africaines de logistique, selon eux. Toutefois, le groupe Bolloré quitte le continent avec un bilan financier positif. Il est aussi de plus en plus confronté aux compagnies forestières d’intérêts asiatiques. Cette concurrence fait pencher les choix des pays africains vers ces dernières. 

Noël Ndong
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