Rappelé au bon souvenir des Kinois grâce au panneau affiché à Batetela, un de ses fameux arrêts du Boulevard du 30 juin, le visage familier au sourire radieux du célèbre sculpteur s’est invité au décor de la ville depuis la date anniversaire du jour fatidique où il fut arraché à l’affection de sa famille, qui elle a choisi le recueillement préférant la méditation à une organisation faste le 1er avril.
Interrogée par "Le Courrier de Kinshasa" à propos d’une éventuelle organisation à venir à l’exemple de l’exposition qu’avait abrité Kin ArtStudio l’an dernier, Myoto Liyolo a répondu par la négative. « Il n y a pas de programme cette année », a-t-elle dit. Et de préciser : « Juste un recueillement en famille le 1er avril et un affichage sur le boulevard ». Cette précision est d’autant plus nécessaire qu’à l’occasion des deux ans de la disparition du maître, La Fondation Liyolo, dont elle est directrice, avait organisé, du 28 mai au 5 juin 2021, un événement en sa mémoire, l’exposition « Liyolo empreintes ». C’était, certes, l’occasion de revenir sur le parcours sans égal de l’illustre sculpteur mort en Autriche, mais aussi de donner le privilège aux visiteurs de contempler alors certaines des œuvres de sa collection privée.
Si la famille Liyolo a fait le choix du recueillement cette fois, Myoto a néanmoins prévenu : « Les grandes choses se feront l’année prochaine ». Du reste, quoique de son côté elle ait joué la carte de la discrétion, l’on a noté des initiatives personnelles d’artistes, notamment une publication du slameur Yekima De Bel’Art sur sa page Facebook. Le texte intitulé au nom du "Me Alfred Liyolo" n’est ni plus ni moins qu’un vibrant hommage rendu à sa prestigieuse personne. Sculptant les mots, il y livre le récit de vie du sculpteur émérite partant de ses origines. « C’est l’histoire du fils de Bolobo », commence-t-il, ajoutant non sans admiration : « Qui conquiert le monde à coups d’ébauchoir et de ciseaux ». Et de soutenir qu’au final, « C’est l’histoire du fils du Congo/ Qui par l’airain en sculpte les visages du beau ».
Par ailleurs, Myoto Liyolo, lors de cet entretien autour du maître, a émis le regret que « cinquante ans après son combat, les mêmes problèmes qui se posaient sur la valorisation de la culture et de l’art restent d’actualité ». Il est paru aberrant à ses yeux que le contexte soit resté inchangé à ce jour, évoquant « le manque de cadre, de compréhension et l’absence d’une part active du gouvernement au dialogue sur ce propos ». Et qui pis est, a-t-elle encore souligné, « les culturels ne savent pas s’organiser car le premier investisseur devait d’abord être le gouvernement quitte à promouvoir, au-delà de la musique, l’entrepreneuriat culturel et la valorisation des métiers de l’art ». Pas étonnant dès lors que, déplore la directrice de la Fondation Liyolo, « l’artiste congolais continue d’être indigent, en majorité. Et pourtant, il y a un foisonnement extraordinaire de créativité à travers le pays qui mérite d’être reconnu et traité à sa juste valeur ».