Changement climatique : le Giec appelle à garantir des financements pour aider l’Afrique

Mardi, Avril 5, 2022 - 16:00

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a publié, le 4 avril, un nouveau rapport dans lequel il a appelé les Etats et les entreprises à réduire les émissions de gaz à effet de serre et garantir les financements verts dans les pays en développement.

Dans le nouveau document, les experts ont affirmé qu’il faut « agir maintenant » et que « toutes les solutions existent déjà à ce jour ».

« Les militants écologistes ont parfois été décrits comme de dangereux extrémistes, mais les vrais dangereux extrémistes sont les pays qui ont continué à augmenter leur production d’énergie fossile », a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, lors de la conférence de présentation du dernier chapitre issu du sixième rapport du Giec.

En effet, le premier volet du rapport dresse les bases physiques du bouleversement climatique; le second est dédié à l'impact sur l'humanité et les écosystèmes, et le dernier volet issu du troisième groupe de travail est dédié aux solutions d’atténuation du changement climatique.

D’après les experts du Giec, la conclusion est sans détour : « On peut réduire les émissions d’ici 2030, mais c’est maintenant que cela se passe. Et c’est le seul moyen pour conserver un monde viable ». Ils affirment : « Sans une réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs, il nous sera impossible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C ».

Pour la première fois, le Giec détaille: « Pourtant, atténuer le réchauffement climatique dans les pays pauvres est largement compatible avec les objectifs de développement durable ». Par ailleurs, estime Yamina Saheb, l’une des auteures du rapport, « le potentiel en énergies renouvelables est tel que le continent africain pourrait même se passer des hydrocarbures ».

« La réduction des émissions liées à l’agriculture pourrait aussi mobiliser davantage les connaissances intimes qu’ont les communautés rurales africaines de leur milieu naturel. Mais le défi environnemental ne pourra être relevé que si les gouvernements du continent et les institutions régionales africaines mènent des politiques intégrant l’ensemble des secteurs : agriculture, forêts, transport et énergie, par-delà les frontières des Etats », poursuit-elle.

Le rapport présenté est une synthèse des connaissances internationales sur l’évolution du climat. Il est le fruit de cinq ans de travail. Des centaines d’études ont été passées au crible, plusieurs experts y ont contribué et il a été adopté à l'unanimité des participants. Tout ce qui est écrit dans ce rapport fait consensus scientifiquement. Mais après ce consensus scientifique, tout l’enjeu est désormais d'accélérer la prise de conscience politique dans le monde entier malgré la guerre en Ukraine et l’incertitude sanitaire.  

L’Afrique paie le lourd tribut du changement climatique

Le rapport du Giec met en exergue le lourd tribut que paie le continent africain par rapport aux autres continents, alors même qu’il pollue le moins et ne contribue qu’à environ 4% des émissions de gaz à effet de serre. Ce déséquilibre a des répercussions sociales et sécuritaires, puisqu’il aggrave les inégalités et favorise l’instabilité.

D’après les experts, l’année 2020 se positionne entre la troisième et la huitième année la plus chaude jamais enregistrée en Afrique, en fonction de l’ensemble de données utilisées. Sécheresses, inondations et famines sont les événements climatiques extrêmes, qui accentuent actuellement l'insécurité alimentaire et la pauvreté sur le continent.

Selon les Nations unies,  d'ici à 2030 plus de cent millions d’Africains seront touchés par le réchauffement climatique. Beaucoup de pays africains sont déjà engagés sur un modèle de croissance résilient au changement climatique, mais cette voie s’annonce difficile par manque de moyens.

Il est donc urgent que les Etats respectent leur engagement de soutenir le Fonds vert qui est le principal instrument de financement des politiques climatiques pour les pays en développement. Initié en 2009 à Copenhague, le Fonds vert pour le climat doit permettre de canaliser les financements des pays développés vers des projets d’adaptation et d’atténuation dans les pays en développement.

Yvette Reine Nzaba
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