Interview. Eddy Masumbuko : « Il est primordial d’être toujours à l’écoute de son moi intérieur »

Mardi, Avril 5, 2022 - 16:31

Spécialisé dans la réalisation de vêtements en bambou, l’artiste plasticien dit être devenu designer à la suite d’une méditation. Dans cette interview exclusive avec Le Courrier de Kinshasa, il parle de son travail expliquant sa démarche personnelle et des spécificités de ses produits qui, tout en étant des objets d'art, sont des vêtements à part entière.

Eddy Masumbuko portant un de ses gilets en bambou (Adiac)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Que pourriez-vous dire à nos lecteurs à votre sujet  ?

Eddy Masumbuko (E.M.)  : Je suis un artiste plasticien à plusieurs facettes. Je fais de la peinture, la performance, des installations et je fais également du design.

L.C.K. : Vous aviez participé au premier Salon de design et mobilier de Kinshasa, Kindeswe, en tant que designer. Pourriez-vous nous en parler  ?

E.M. : J’y avais présenté mes costumes en bambou. Leur création est partie d’un constat en lien avec ma démarche artistique. J’ai toujours pensé qu’à un moment, l’homme est en contact avec l’Eternel, en état de pureté. Très souvent, c’est à ce moment que l’on ressent certaines choses : une idée particulière traverse l’esprit et doit être réalisée. C’est dans cet esprit que j’ai senti dans mon for intérieur cette pensée de créer des costumes à l’aide du bambou. J’avais émis des doutes à ce sujet mais cette idée se répétait sans cesse au point que je me suis décidé à la réaliser. Et, depuis lors, je pratique aussi du design et pense qu’il est primordial d’être toujours à l’écoute de son moi intérieur. C’est ce qui peut nous amener à accomplir de nombreuses choses.

L.C.K. : Vos costumes en bambou peuvent-ils être portés tel de vrais vêtements  ? Vous est-il arrivé d’en vendre pour cet usage ou juste comme des œuvres d’art ?

E.M. : Oui ! Outre le fait que ce sont des objets artistiques, j’en ai déjà vendu. J’ai un client fidèle à Lubumbashi, chaque fois que je m’y rends je reviens sans mon gilet. J’y ai été à trois reprises et quand j’y suis, je lui vends mes créations.   

L.C.K. : Quelle est la gamme de produits en bambou que vous proposez  ? Et combien de temps la confection d’un gilet vous prend-il ?Un mannequin portant les créations en bambou d'Eddy Masumbuko (Adiac)

E.M. : Je propose plusieurs choses : gilets, manteaux, cravates, culottes, sandales, chapeaux. Il y a une diversité de produits réalisés en bambou que je propose aux clients. La confection prend au moins deux semaines. La première est destinée à la collection du bambou qu’il faut ensuite couper et la troisième étape c’est le montage des pièces.

L.C.K. : Quels genres de bambou utilisez-vous pour la confection de vos vêtements  ? 

E.M. : Ici, nous les appelons bambous de Chine, ils sont petits et je recueille les secs parce que les frais posent des problèmes. Nous les trouvons dans les sites d’érosions parce qu’ils servent à lutter contre les glissements de terre. Cela a influé ma démarche, je fais un parallèle entre les érosions et les insuffisances humaines que je compare à ces vides que créent les glissements de terrain.  

L.C.K. : Quelle garantie avons-nous que les sandales en bambou peuvent se chausser sans danger, ne blessent pas ou ne font pas mal aux pieds  ?

E.M. : Tout est bien étudié, les sandales ne blessent pas. Avant leur réalisation, tout a été bien étudié, des simulations de mouvements, faire en sorte que cela soit bon pour la marche lorsqu’elles sont chaussées et ne provoquent aucune gêne.

L.C.K. : Mais vos vêtements autant que les sandales ne se portent pas directement sur le corps, n’ont pas de contact direct avec la peau...

E.M. : Oui, ce sont normalement des pardessus, s' ils ont été conçus de cette façon. Etant donné que les pièces de bambou sont alignées les unes à côté des autres, il y a des espacements, il est recommandé de porter une tenue pardessus qui se pose, le gilet, le manteau, la culotte, etc.

L.C.K. : L’autre spécificité de vos vêtements c’est qu’ils sont unisexes, nous semble-t-il…

E.M. : Effectivement ! Ils peuvent se porter indifféremment par les hommes et les femmes, de même pour les enfants. Tout le monde peut se vêtir avec nos vêtements.

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Nioni Masela
Légendes et crédits photo : 
1- Eddy Masumbuko portant un de ses gilets en bambou / Adiac 2 - Un mannequin portant les créations en bambou d'Eddy Masumbuko / Adiac
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