Guerre Russie-Ukraine : Pékin reproche à l’Occident les « deux poids, deux mesures »

Mercredi, Avril 6, 2022 - 11:30

Alors que l’Europe demande à la Chine de ne pas interférer dans les sanctions visant la Russie, Pékin l’accuse de « deux poids, deux mesures ». Pour la présidente de la Commission européenne, tout soutien de Pékin à Moscou ternirait gravement la réputation de la Chine en Europe. 

L’Union européenne a demandé à la Chine de ne pas interférer dans les sanctions visant la Russie, décidées en riposte à son offensive militaire contre l’Ukraine. C’est ce qui ressort des déclarations des responsables européens, à l’issue des pourparlers virtuels menés par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen; le président du Conseil européen, Charles Michel; et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell; avec le Premier ministre chinois, Li Keqiang. « Nous avons clairement indiqué à la Chine qu'elle ne devrait pas interférer dans nos sanctions contre la Russie », a déclaré Von der Leyen. Ajoutant que Pékin « a une influence sur Moscou » et exhortant le gouvernement chinois à « assumer sa responsabilité dans les efforts visant à mettre un terme à la guerre ». Elle a estimé que tout soutien de Pékin à Moscou ternirait « sérieusement » la réputation de la Chine en Europe.

Charles Michel, pour sa part, a déclaré : « Toute tentative de contourner les sanctions ou d’apporter un soutien à la Russie prolongera la guerre, ce qui entraînera davantage de pertes en vies humaines et un impact économique plus important. Nous resterons également vigilants à toute tentative d'aider la Russie financièrement ou militairement, cependant les démarches et mesures positives prises par la Chine pour aider à mettre fin à la guerre seront saluées par tous les Européens et la communauté internationale ».

Pour Pékin, l’Occident adopte une approche à « deux poids, deux mesures » dans la gestion des guerres en Irak, en Afghanistan et en Syrie,  en Afrique et en Amérique latine, en comparaison avec la guerre actuelle entre Moscou et Kiev. « Je tiens à souligner que la communauté internationale ne devrait pas adopter de doubles standards sur la question palestinienne, entre autres questions internationales et régionales brûlantes », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin. 

A l’issue de la visite du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré  que «  les événements actuels en Europe ont montré les deux poids, deux mesures internationales, malgré les crimes de l'occupation qui équivalaient à des nettoyages ethniques, des discriminations raciales et des atteintes aux lieux sacrés et de la transgression du droit international ». Se référant à la guerre menée par la Russie en Ukraine, il a indiqué que le double standard consistant à montrer de la sympathie aux réfugiés en Ukraine, tout en ignorant les réfugiés des pays du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique latine, est « inacceptable », à cause « des deux poids, deux mesures et de  la qualification des dommages civils en Ukraine de crimes de guerre, tout en laissant les civils être blessés en Afghanistan, en Irak et en Syrie ».

Pékin n'a pas condamné l'opération militaire russe contre l'Ukraine et a rejeté les pressions occidentales, demandant aux pays occidentaux de respecter les « préoccupations légitimes » de la Russie en matière de sécurité. Le 24 février, la Russie a lancé une opération militaire en Ukraine, provoquant une colère et des réactions négatives à l’échelle internationale, ainsi que l'imposition de sanctions financières et économiques inédites contre Moscou. La Russie a posé comme préalable, pour mettre un terme à son opération, le renoncement de l'Ukraine à ses plans d'adhésion à des entités et alliances militaires, dont l'Otan, et l’adoption d’un statut de « neutralité totale », ce que Kiev considère comme une « ingérence dans sa souveraineté ».

Noël Ndong
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