Directrice de la communication et de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) dans un groupe basé au Congo, Charlotte Kalala est également la fondatrice du salon « Congo na Paris », forum socio-économique et festival pop culture qui se déroule chaque année à Paris. L’édition 2022 va se dérouler du 16 au 17 avril.
Le Courrier de Kinshasa (L.C.K): Peut-on vous connaître ?
Charlotte Kalala (C.K.) : Je suis directrice communication et RSE dans un groupe africain situé au Congo, et serial entrepreneure. Je suis également maman, un métier à plein temps. C’est celui que je préfère. J’ai tout d’abord obtenu un baccalauréat littéraire. Je me suis ensuite orientée vers des études d’administration et échanges internationaux à l’université de Paris 12. Par la suite, j’ai effectué une formation de deux ans en marketing au sein d’une école de commerce : l’Inseec Bachelor. Lorsque je suis devenue maman, je n’étais plus en mesure de poursuivre mes études. Mais j’ai pu les reprendre, dix ans plus tard, durant la pandémie. Ainsi, en 2021, j’ai validé mon master en management et gestion des organisations et entreprise à l’IFG.
L.C.K : Qu’est-ce qui a motivée la création de « Congo Na Paris » (CNP) et quelle est sa particularité ?
C.K.: En 2015, je ne trouvais aucune narration positive sur le Congo. Tout ce que je voyais, grâce aux moteurs de recherche, était assez négatif. Lorsque je me suis rendue au Congo pour la première fois, j’ai été agréablement surprise. L’Afrique qu’on m’avait décrite n’était pas celle que je découvrais. Elle était bien plus belle, bien plus riche, bien plus joyeuse ! J’ai donc cherché, par différents moyens, une façon de montrer un autre regard sur le Congo et, par extension, sur l’Afrique. La particularité de "Congo na Paris" est qu’il s’agit, à la fois, d’un salon socio-économique et d’un festival pop culture. Le temps d’un week-end, les visiteurs embarquent pour visiter le Bassin du Congo sans quitter Paris. Le salon est organisé par des jeunes amoureux de la culture bantoue qui désirent montrer le meilleur du Congo : le Congo qui gagne, un Congo résilient, le Congo fort !
L.C.K : La cinquième édition de CNP va se tenir les 16 et 17 avril sur le thème « Tonga mboka (Construis le pays) : Congo, poumon de la planète ». Pourquoi le choix de ce thème ?
C.K. : Après les éditions Zonga mboka ( retour au pays), nous avons lancé « Tonga mboka » qui veut dire construire le pays. C’est dans la continuité. Nous rentrons pour visiter, découvrir, investir. Mais, surtout, pour construire le pays. Le Congo dispose d’un énorme potentiel grâce à ses forêts, ses fleuves, l’art, les minerais et sa démographie qui ne cesse de croître . Ce pays continent est même incontournable. C’est un véritable poumon économique, sociétal et environnemental au coeur des préoccupations de ce monde. Les sujets sur ce vivier artistique et poumon vert sont souvent traités sans tenir compte des libertés des Congolais. Il est primordial de sortir de l’idéologie et de ne pas laisser ces sujets uniquement entre les mains des politiques. Il est même indispensable que les entreprises et la société civile s’impliquent dans les discussions.
L.C.K : Pourriez-vous nous rappeler le contenu des précédentes éditions et quel a été leur bilan ?
C.K : Nous avons tout d’abord commencé avec le salon de la culture congolaise, ensuite avec les éditions Zonga mboka. Lors de la première édition, nous avons pu mettre les projecteurs sur les acteurs de la diaspora qui font la fierté du monde de la culture en France. Nous avions également eu l’intervention d’élus français et de l’organisation internationale de la Francophonie. Nous avions abordé plusieurs thématiques, notamment « Comment faire le pont entre terre d’origine et terre d’accueil ? ».
Plusieurs tables rondes avaient rythmé la journée et le week-end s’était soldé par un festival avec concert, défilé et une scène animée par des humoristes. Les éditions suivantes ont reçu de plus en plus de visiteurs, mais aussi des intervenants venus du continent uniquement, pour participer au salon. En 2019, une délégation de vingt entreprises congolaises étaient venues représenter la République démocratique du Congo. L’édition de Congo na Paris, qui s’est déroulée en ligne en 2020, nous a permis de toucher une plus large cible et d’échanger sur des sujets concrets pour la diaspora, tels qu'investir au Congo, les offres diasporas des assurances et banques… Il y a tellement à dire sur chacune des éditions. Elles ont été uniques et exceptionnelles ! Si je pouvais résumer, je dirais que la diaspora est en demande de rendez-vous comme Congo na Paris. Elle souhaite être entendue. Elle veut participer activement au développement. Congo na Paris est la plateforme qui permet de connecter les diasporas des deux Congo. Cette plateforme propose des interlocuteurs crédibles pour répondre aux questions de cette diaspora, mais aussi de ceux et celles qui aiment l’Afrique. Enfin, je suis vraiment fière quand un visiteur me dit que le moment où il est plus fier d’être Congolais est lorsqu’il vient à notre événement Congo na Paris !
L.C.K : Pensez-vous avoir atteint vos objectifs ?
C.K. : Le premier objectif consistait à montrer une autre image du Congo. Le deuxième, convaincre que les Congolais et les Africains sont capables de travailler ensemble et proposer un salon aux standards des grands salons institutionnels.
Notre troisième challenge était de fédérer la diaspora et les amis du Congo autour d’un territoire et ses cinq univers. La quatrième cible est celle sur laquelle nous oeuvrons à présent. Il s’agit de connecter les diasporas au Congo. Depuis notre première édition, nous avons reçu plus de 6 000 visiteurs ! Soit une base de données qualifiée de plus de 7 000 personnes d’origine congolaise ou intéressées par les opportunités d’affaires, le tourisme, la culture congolaise…
Aujourd’hui, nous sommes heureux de pouvoir compter sur la contribution et les encouragements des institutions et des gouvernements congolais et français, bien que nous soyons une organisation apolitique. Nos interlocuteurs ont su voir les efforts que nous avons engagés pour montrer que tout ne tourne pas autour de la politique, la corruption, les violences et les crimes sexuels, quand il s’agit du Congo. Bien entendu, ce sont des réalités qu’il convient de ne pas occulter. Mais, elles ne définissent pas le pays ! Le Congo se doit d’être également associé à des notes positives et porteuses d’espoir.
L.C.K : En dehors de l’événement annuel, comment se décline autrement le Concept CNP ?
C.K. : Nous organisons des Meet up , des rencontres socioprofessionnelles en présentiel ou en ligne. Nous éditons également un magazine en ligne et une version papier dont la périodicité est semestrielle. CNP Magazine est éditée en 3000 exemplaires. Nous proposons aussi de la consultance pour d’autres événements, de la mise en relation entre nos diasporas et les entreprises situées au Congo. Nous préparons actuellement un salon Tonga mboka qui se tiendra au Congo. En fin d’année 2022, nous proposerons également un nouveau service pour les diasporas. Je n’en dirai pas plus et vous donne rendez-vous en décembre !
L.C.K : Après quatre ans d’existence, quelles sont les innovations à apporter dans CNP ?
C.K. : Après plusieurs années d’existence et quatre éditions consécutives réalisées, nous maîtrisons mieux notre sujet et sommes à présent en mesure de solliciter des partenaires qui peuvent apporter des solutions concrètes et un accompagnement sûr et fiable à nos visiteurs. Cette cinquième édition verra le lancement de notre cérémonie de remise de prix ! Ainsi, huit recompenses seront attribuées à des hommes et femmes qui se sont distingués dans différentes catégories et qui méritent, selon nous, d’avoir les projecteurs braqués sur eux, sur elles. Congo na Paris, c’est ça aussi cela : célébrer des hommes et des femmes qui font la fierté du Congo, de l’Afrique et proposer aux générations futures des modèles et figures inspirantes.