Les pays du Sahel ainsi que les organisations régionales et internationales ont tenu, le 6 avril à Paris, une consultation en vue de mobiliser des fonds, avec un mot d’ordre : « La crise ukrainienne ne doit pas faire oublier la crise au Sahel ».
« Les catastrophes causées par les aléas naturels et les conflits représentent une menace importante pour le développement durable et la paix. Il s’agit, maintenant, et tous ensemble, de nous engager résolument dans l’action », a déclaré le président nigérien, Mohamed Bazoum, devant les représentants européens, ceux des organisations onusiennes et des instances africaines.
En effet, 27 millions de Sahéliens sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, et ce chiffre pourrait monter à 38 millions si rien n’est fait d’ici à juin prochain. L’an dernier, il manquait quatre milliards de dollars pour satisfaire les programmes onusiens.
« Je lance cet appel avec autant plus d’inquiétude que je constate que, malgré l’accroissement des besoins dans les régions, les financements des plans de réponse humanitaire sont en constante baisse depuis 2012. Et que tous les pays concernés ont terminé l’année 2021 en ayant financé à peine la moitié de leurs plans de réponse humanitaire », a-t-il déploré.
Si la crise au Sahel est due à la fois aux conflits et aux déplacements de la population, à la sécheresse et aux conséquences de la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine aura, cette année, des répercussions graves pour l’Afrique de l’ouest. Cela notamment à cause du manque d’engrais russe et biélorusse, a souligné, lors de la conférence, Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest.
« L’Afrique de l’ouest devrait enregistrer un déficit de consommation d’engrais compris entre 1,5 et 2 millions de tonnes pour 2022. Ce volume correspondant à un déficit prévisionnel estimé pour les récoltes de vivrier entre quinze et vingt millions de tonnes équivalent céréales », a expliqué Jean-Claude Kassi Brou.
Depuis une décennie, loin de s’atténuer, les crises alimentaires augmentent à travers la région ouest-africaine, notamment au Burkina Faso, Niger, Tchad, Mali et Nigéria. Entre 2015 et 2022, le nombre de personnes en besoin d’assistance alimentaire d’urgence a presque quadruplé, passant de 7 à 27 millions.
Les Nations unies estiment que cette année 6,3 millions d'enfants âgés de 6 à 59 mois souffriront de malnutrition aiguë dont plus de 1,4 million seront en phase de malnutrition aiguë sévère contre 4,9 millions d’enfants malnutris aigus en 2021.