Interview. Louison Mbeya Mugaza : « Il faut investir dans l’humain pour industrialiser le secteur de la mode »

Jeudi, Avril 14, 2022 - 19:30

Cadet d’une famille de quatre enfants, Louison Mbeya est originaire de la République démocratique du Congo. C’est en étant étudiant en 2001 à l’Institut Supérieur d’Informatique programmation et analyse (Isipa) qu’il s’intéresse et se lance dans le stylisme.  Depuis bientôt vingt ans, son talent et son travail sont mis en exergue pour valoriser le génie créatif des Congolais des deux rives du fleuve Congo. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : Qu’est ce qui a représenté pour vous l’événement fashion-week qui vient d'avoir lieu pour la première fois au Congo ?

Louison Mbeya Mugaza (L.M.M) : Cet événement tant attendu symbolise pour nous la reprise des activités dans le secteur de la mode, étant donné que nous avons été frappés depuis bientôt deux ans par la covid 19 qui a occasionné la fermeture des portes de plusieurs secteurs d’activités

L.D.B.C : En tant que membre organisateur de cet événement, pourquoi le choix a été porté sur Brazzaville ?

L.M.M : Le mouvement de la Sape a commencé dans cette ville capitale. C’est pourquoi pour cette première édition,  nous l’avons choisie pour relancer toutes les activités de la mode au sens propre : animer des conférences sur la mode, présenter nos collections dans le but de valoriser ce secteur.

L.D.B.C : Lors de la soirée fashion week, vous avez présenté votre collection dénommée 2800. Quel est le message clé véhiculé ?

L.M.M : J’ai présenté la première partie de ma collection qui s’intitule « Futur antérieur ». Cette collection ramène les amateurs de la mode et nos consommateurs dans un monde futur où l’on imagine déjà aujourd’hui les vêtements que nos petits fils et arrière petits-fils porteront demain.

L.D.B.C : En général, quelle est votre particularité dans la confection des vêtements ?

L.M.M : Je mets en exergue un style qui utilise des matières rares et inadaptées pour la mode. J’utilise des métaux, des plastiques, des papiers. Je nage beaucoup plus dans l’accroissement des époques, des émotions, des périodes. C’est pour moi une philosophie du fait que  je me pose beaucoup de questions, comme celle de savoir comment les gens s’habilleront-ils si jamais il n’y a plus de coton ?…Mais d'autre part, je crée aussi des vêtements normaux. 

L.D.B.C : Vous exercez ce métier depuis dix-huit ans. A quel niveau vous vous trouvez aujourd’hui ?

L.M.M : Je suis à un niveau excellent mais les moyens ne suffisent pas et on est moins encouragé. Ailleurs, j’aurai eu le niveau des grands créateurs de mode parce que J’ai produit de grands événements qui font qu’aujourd’hui j’habille des grandes stars de la République démocratique du Congo.

L.D.B.C : Quel est, selon vous, l’apport de la mode dans le secteur économique ?

L.M.M : Cela dépend du budget économique d’un pays. Si les autorités nous écoutent, consomment nos produits, mettent des moyens dans ce secteur qui est la mode et autre, cela permettrait de remplir les caisses de l’Etat et de contribuer à l’économie du pays.

L.D.B.C : Avez-vous des projets pour les deux Congo ?

L.M.M : A la fin de cette année, un colloque international sera mis en place par les acteurs de la mode des deux rives du fleuve Congo afin de réfléchir autour de ces problèmes qui freinent le secteur de la mode.

L.D.B.C : Un dernier mot ?

L.M.M : L’industrie de la mode est vaste et demande à être soutenue. Investissons dans l’humain pour industrialiser ce secteur.

Propos recueillis par Divine Ongagna
Légendes et crédits photo : 
Louison Mbeya
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