Pour sa cinquième journée d’échange citoyen, l’Inspection générale des finances (IGF) a ciblé les professionnels des médias dont elle a appelé à s’approprier sa lutte, menée tambours battants contre la corruption en République démocratique du Congo.
La rencontre qui a eu lieu le 12 avril dernier dans les installations de l'IGF a viré à une séance académique avec, à la clé, un flux d’informations en rapport avec son rôle et son fonctionnement. L’objectif poursuivi était d’outiller les journalistes afin qu’ils jouent effectivement leur rôle de censeurs de la société en usant de leur quatrième pouvoir vis-à-vis des détourneurs des deniers publics.
Entouré à la tribune par le coordonnateur Herman Iyeleza Kebe Kenza et par son adjoint Victor Batubenga Pandamadi, le chef de service, Jules Alingete, n’a pas eu sa langue dans la poche. Partout où les intérêts financiers de l’Etat sont en jeu, l’IGF - en tant que bras séculier de la vision du chef de l’Etat en matière de lutte contre l’impunité -, est omniprésente. Tel est le crédo du patron de l’IGF dont l’avènement à la tête de cet organe de contrôle aura fait tache d’huile en termes de révolution dans l’approche des investigations sur le terrain.
Non seulement qu’il a haussé le niveau de contrôle en s’attaquant aux vrais gestionnaires, ou mieux, aux membres du gouvernement, aux mandataires publics ainsi qu’aux gouverneurs, en lieu et place des pauvres comptables et directeurs financiers assujettis à leurs caprices, Jules Alingete a aussi poussé l’outrecuidance jusqu’à déférer devant la justice des auteurs des faits de détournement. Pour la première fois dans l’histoire de l’IGF, a-t-il indiqué, des prédateurs ont été débusqués des entreprises publiques (une trentaine) et placés sous les verrous en l’espace d’une année.
Fin de la cacophonie financière
De quoi devoir une fière chandelle à ce fils-maison qui, par ailleurs, n’a pas manqué de révéler la qualité d’officier de policier judiciaire que revêtent les inspecteurs des finances dans l’exercice de leurs fonctions dès lors qu’ils dépendent du procureur général de la République. En effet, a-t-il soutenu, ces derniers sont habilités à enclencher une procédure judiciaire lorsqu’ils découvrent des faits de mégestion répréhensibles au regard du Code pénal congolais dans le chef des gestionnaires.
De l’indépendance de son organe qui, depuis 2009, relève de l’autorité directe du chef de l‘Etat, Jules Aligente estime que cette situation était dictée par le souci d’efficacité. Dans le même temps, il a loué le travail abattu par l’IGF sous son management. « Nous avons beaucoup bataillé pour mettre fin à la cacophonie constatée dans la gestion des finances publiques parfois au péril de notre vie », a déclaré en substance l’inspecteur en chef, évoquant au passage le paiement en procédure d’urgence lequel a fait perdre au Trésor public des fonds énormes.
Autant l‘IGF a mis fin à cette tare, autant elle s’est impliquée dans le rapatriement des devises d’exportation qui passaient pour la chasse gardée des opérateurs miniers véreux et inciviques. Et d’ajouter que l’IGF a contribué à la désactivation des cartes visas connectées au Compte général du Trésor dont se prélassaient les membres de l’ancien régime. Cerise sur le gâteau, les finances publiques ont atteint depuis 2021 des seuils insoupçonnés de 450 000 dollars américains par mois à son niveau maximal, soit des recettes supplémentaires de l’ordre de 150 000 dollars par mois. Un record.
Vivement le contrôle concomitant
En termes de stratégies pour sortir le Congo de l’ancrage de la corruption, Jules Alingete a évoqué, entre autres, le rajeunissement du corps d’inspecteurs des finances dont l’effectif est passé à deux cent vingt-cinq, la restructuration de l’IGF et son adaptation à la donne actuelle des finances publiques.
Quant au mode de contrôle dont se prévaut l’IGF au regard de l’environnement socioéconomique congolais marqué par le syndrome de la corruption, Jules Alingete s’est prononcé en faveur d’un contrôle concomitant matérialisé par la présence récurrente des patrouilles financières déployées à des endroits bien ciblés. A la Banque centrale, au Compte général du trésor, dans plusieurs entreprises et établissements publics, les équipes de l’IGF sont présentes et ont un œil regardant sur les entrées et décaissements des fonds publics. Cette façon de faire a permis le démantèlement des réseaux maffieux tout en évitant au pays la grogne sociale résultant des arriérés accumulés de salaire sans justification.
Enfin, Jules Alingete a exhorté la corporation journalistique à s’approprier la lutte de l’IGF contre les antivaleurs en relayant notamment les résultats de ses conclusions tout en préservant la présomption d’innocence, quitte à aiguiller la réprobation sociale vis-à-vis des détourneurs des deniers publics.