L'organisation internationale appelle le gouvernement congolais à supprimer « l’erreur historique » de vendre aux enchères seize nouveaux blocs pétroliers, pouvant ainsi bafouer l’engagement de la République démocratique du Congo (RDC) à devenir un « pays solution » au changement climatique, position défendue par la délégation officielle congolaise à la COP 26, à Glasgow.
Dans un communiqué de presse publié le 14 avril, Greenpeace Afrique pense que le projet du gouvernement congolais aura « des conséquences catastrophiques sur les communautés, la biodiversité et le climat mondial ». Le chef de projet international pour la forêt du Bassin du Congo pour Greenpeace Afrique, Irène Wabiwa, a indiqué: « La vente aux enchères de nouveaux blocs pétroliers, peu importe l’endroit, est mauvaise et porte atteinte au droit des communautés à un environnement sain. Le projet des grandes compagnies pétrolières de saccager les écosystèmes les plus sensibles du Congo est une erreur historique qui doit être corrigée immédiatement ».
Le chargé de campagne forêt pour Greenpeace Afrique, Patient Muamba, a déclaré sur Radio France internationale: « Nous demandons l’annulation de ce projet et nous recommandons à la République démocratique du Congo d’envisager d’autres solutions pour résoudre le besoin énergétique et de ne pas continuer sur le chemin de l’exploitation pétrolière ».
Lors de la quarante-huitième réunion du Conseil des ministres tenue le 8 avril dernier, le gouvernement congolais avait, en effet, validé le projet d’appel d’offres pour l’attribution des droits d’exploration dans seize blocs pétroliers situés dans le bassin côtier, la Cuvette centrale et le Graben. La Cuvette centrale concernée par neuf blocs est une zone qui séquestre environ trente milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de trois ans d'émissions mondiales de gaz carbonique (CO2), selon les estimations scientifiques de 2017, alors que toutes ces zones visées sont celles où, selon les chercheurs, les écosystèmes sont uniques et contribuent fortement à la stabilité climatique mondiale.
Pour Greenpeace Afrique, ce nouveau projet du gouvernement à inviter les grandes sociétés pétrolières à forer du pétrole dans cette partie du Congo bafoue l’engagement de la RDC à devenir un « pays solution » au changement climatique.
Des discussions pour faire de la RDC « le pays-solution »
Selon Patient Muamba, « pour le moment, il est difficile de soutenir une telle exploitation dans le contexte actuel du changement climatique, surtout que la RDC est l’un des pays qui joue un très grand rôle dans la réduction des gaz à effet de serre ». Il a rappelé les engagements de réductions de gaz à effet de serre pris par le pays à l’horizon 2030.
Greenpeace Afrique exhorte, par conséquent, les bailleurs de fonds et le gouvernement congolais à des discussions afin de faire réellement de la RDC le « pays-solution », comme prôné par ce gouvernement, plutôt que de devenir productrice de nouvelles pollutions. « Les pays donateurs, qui ont promis 500 millions de dollars pour protéger la forêt tropicale du Congo lors de la COP26, à Glasgow, se rendent compte de l’ampleur du chaos qui prévaut dans la gestion de ces forêts. Ils doivent maintenant aborder les plans louches et chaotiques pour remplacer les forêts tropicales et les tourbières par du pétrole », a appuyé Irène Wabiwa. Pour elle, en effet, « les pays donateurs peuvent aider le gouvernement congolais à devenir un pays de solutions plutôt qu'un producteur de nouvelles pollutions, en augmentant les investissements dans les énergies renouvelables et en élargissant les plans de gestion communautaire des forêts ».
Notant que le bassin du Congo a plusieurs dangers, le chargé de campagne forêt pour Greenpeace Afrique pense qu’on ne peut donc pas se hasarder à y mener des activités aussi destructrices pour l’environnement. « Le monde entier est en train de chercher à trouver des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et donc sachant que l’exploitation du pétrole est l’une des causes de ce réchauffement climatique qui nous fait souffrir en ce moment, il est difficile aujourd’hui de dire ou d’envisager comme veux le faire la RDC, l’exploitation du pétrole dans le contexte actuel du changement climatique », a-t-il fait savoir. Et de rappeler que la forêt du Bassin du Congo est considérée mondialement comme la deuxième plus grande forêt après l’Amazonie.